samedi 7 décembre 2013

La semaine économique et financière vue par l'oeil du Cercle

Le Coin des Epargnants

Changement de climat, l’hiver est arrivé d’un coup. La bourse de Paris a reculé de 4,71 %. Depuis le début de l’année, la hausse est encore de 12,6 % et sur un an, elle atteint 14,19 %.

Les bourses s’inquiètent des bons résultats économiques américains avec notamment la création de plus de 200 000 emplois au mois de novembre. Les investisseurs sont nerveux du fait d’une possible réduction des injections de liquidités par la FED. Une remontée des taux inquiète l’ensemble de la sphère financière. Cette prise de conscience avec des prises de bénéfices avant la fin d’année a entraîné le repli de cette semaine. La barre des 4300 points d’éloigne un peu plus, le CAC terminant la semaine à 4 129 points.

Les investisseurs se montreront assez nerveux jusqu’à la réunion de la FED des 18 et 19 décembre prochains. Il apparaît clairement que nous entrons dans une période d’instabilité plus forte avec une amplitude plus importante des variations à la hausse et à la baisse en fonction des indices et des rumeurs de changement de cap monétaire.  

France, une panne de croissance plus longue que prévue

Les inquiétudes commencent à poindre sur la capacité, dans les prochains mois, de rebondir. Le moral des chefs d’entreprise est à nouveau orienté à la baisse et les premiers résultats du troisième trimestre, en particulier, en matière de consommation ne sont pas très bons. De ce fait, l’espoir d’avoir un taux de croissance trimestrielle de l’ordre de 0,4 % s’estompe avec comme conséquence que l’objectif de croissance annuelle de 0,9 % sera plus difficilement à atteindre en 2014. Certes, les prix de l’énergie continuent à refluer améliorant d’autant le pouvoir d’achat des ménages et les la fin d’année, surtout en période de crise, est un moment de consommation et d’oubli du quotidien. Il n’en demeure pas moins que le nombre important de faillites pèse sur les capacités de rebond de l’économie française. L’incapacité de regagner des parts de marché à l’exportation constitue un frein à la reprise. Par ailleurs, le serrage budgétaire sera d’autant plus fort en 2014 que la croissance extérieure sera faible. François Hollande a fait le pari d’une reprise mondiale pour passer le cap de 2014 et réduire le déficit de 0,5 point ce qui constitue un défi majeur en France.

La BCE sauvera-t-elle l’Europe en 2014

La BCE a entre ses mains l’avenir de la zone euro. Du fait de l’absence de leadership politique, des divisions entre les grands Etats et l’absence de vision à moyen terme, il revient à la banque centrale de tracer la route et d’éviter les écueils. L’année 2014 sera marquée, en outre, par les élections européennes. De ce fait, la Commission dont le pouvoir s’étiole depuis une dizaine d’années sera aux abonnés absents.

En 2014, la BCE devra éviter la déflation, régler avec les Etats membres la soudure de la dette grecque, éviter une augmentation des taux par ricochet d’une éventuelle réduction des injections américaines de liquidité et le cas échéant faire face à une crise sociale dont l’un des pays. Elle devra permettre aux banques de se mettre en conformité avec la réglementation prudentielle. Le taux d’inflation semble se maintenir naturellement au-dessous de la cible des 2 %. Les hausses de TVA intervenues en Europe n’ont pas eu de réelles incidences. Le crédit aux entreprises reste orienté à la baisse.
Pour améliorer l’efficacité de la politique, la BCE dispose de plusieurs armes.

La BCE pourrait lancer un nouveau programme de liquidités qui pourrait être conditionné à une distribution de crédits au PME. La BCE pourrait aussi baisser le montant es réserves obligatoires que les banques doivent constituer. Le taux pourrait passer de 1 à 0,5 % ce qui permettrait de libérer 50 milliards d’euros. Elle pourrait abaisser une nouvelle fois les taux directeurs mais à 0,25 % il ne reste plus guère de marge. Elle pourrait également acheter des titres souverains via l’OMT mais cela signifierait que les Allemands soient d’accord et cela ne serait envisageable que si la crise était profonde. La BCE pourrait également acheter des titres privés pour venir en aide aux banques. Enfin, la BCE pourrait faire preuve de transparence pour mieux guider les anticipations du marché. La publication des Minutes des réunions ou de comptes rendus plus complets est assez probable.

L’Ukraine, une crise également économique

L’Ukraine est à la recherche d’un second souffle. Après quelques années de belle croissance, le pays accumule des revers avec l’apparition d’un déficit de la balance des paiements courants et une stagnation alarmante. Le PIB devrait diminuer de 0,3 % 2013. Pour 2014, certains experts entrevoient une contraction de 3 % du PIB. Elle serait plus probablement comprise entre -0,8 et + 1,5 % en fonction de l’évolution de la situation politique.

Le pouvoir est d’autant plus tenté d’aller voir du côté russe que c’est son penchant naturel mais également du fait que les caisses sont vides. Il y a plus d’argent à récupérer chez Poutine que chez des Européens affaiblis et divisés. Néanmoins, cette tendance a pour limite que l’Ukraine n’a pas oublié le traitement que la Russie lui a infligé  avant et après la chute du rideau de fer, avant, c’était l’exploitation en coupe réglée et après c’était le maintien d’une tutelle par le gaz ou le pétrole. Les oligarques ukrainiens ne sont pas tous pro-russes car par définition ils ont autant d’intérêts à l’ouest qu’à l’est. Ils ne souhaitent en aucun cas l’alignement de leur pays sur la Russie qui pourrait mettre en danger leur indépendance financière. 

Derrière cette crise, il y a un des rapports de force à plusieurs étages, à l’intérieur de l’Ukraine et également entre la Russie et l’Union européenne. Il y aussi pour le pouvoir ukrainien l’idée de marchander son positionnement dans une période économique un peu délicate.

Brésil, les jeux et du pain

Le PIB brésilien s'est contracté de 0,48% en volume au troisième trimestre. Ce mauvais résultat s’explique par une moindre progression de l’investissement qui, bien qu'en progression de 7,5% a/a, recule de 2,2% par rapport au deuxième trimestre. Les échanges extérieurs jouent contre la croissance : les exportations reculent de 1,4% t/t (+3,5% a/a), et de seulement 0,1% (+14,2% a/a) pour les importations. Pour 2014, la prévision de croissance est ramenée à 1,8 % avec un déficit de la balance des paiements courants qui devrait se situer entre 3,5 et 4% du PIB.

Face à cette dégradation, il est fort à parier que le Gouvernement essaiera de gagner du temps afin de passer le cap du Mondial de football voire celui des Jeux Olympiques. Le Brésil durant trois ans sera au cœur de l’actualité et doit prouver au monde que la situation économique et sociale est sous contrôle. Il y a un risque de dérapage budgétaire et un risque de progression des prix qui sera entretenu tant par les décisions du Gouvernement que par l’impact des jeux. Les prochaines années seront tendues pour le Brésil comme pour une grande partie du continent sud-américain.

Etats-Unis, le retour du patron ?

La croissance au 3ème trimestre a été revue à la hausse avec un taux de 3,6 %. Si la consommation des ménages reste assez atone, il n’en demeure pas moins que l’écart avec la zone euro est flagrant. Le taux de croissance a été de 0,9 % au 3ème trimestre contre 0,1 % en zone euro. Sur l’année, la croissance américaine devrait être de 1,7 % contre -0,4 % pour la zone euro. Les profits des entreprises américaines ont progressé de 6 % par rapport à 2012. En revanche, les inégalités de revenus constituent le point faible car elles continuent à progresser.

203 000 emplois ont été créés en novembre quand 180 000 étaient attendus. Il y a sur ce front une petite embellie.

Néanmoins, plusieurs indicateurs montrent que l’économie pourrait accélérer. Ainsi, l’enquête menée par l’ISM auprès des directeurs d’achats dans le secteur manufacturier américain démontre une amélioration réelle de la confiance des industriels. L’indice composite a enregistré six mois consécutifs de progression, passant de 49,0 en mai à 57,3 en novembre.
Le retour de la croissance intervient au moment où par définition, la politique budgétaire est restrictive. Sur les exercices budgétaires 2014 et 2015, l’effet est restrictif, puisque le CBO projette (à législation inchangée) une réduction de 2,1 points de PIB du déficit structurel.

L’accélération de la croissance américaine repose sur les exportations et l’investissement des entreprises.
Même si les exportations jouent encore un rôle marginal dans la construction de la croissance, il faut noter que la compétitivité externe est en forte amélioration. Le secteur manufacturier a enregistré une hausse de 14% de la productivité du travail en cinq ans conduisant à une réduction des coûts unitaires de production de 5%, alors que depuis le début de 2009, le taux de change effectif du dollar a reculé de 13%. 

Ces facteurs placent les Etats-Unis en position de profiter d’une reprise mondiale, mais encore faut-il que celle-ci s’amorce. Un optimisme modéré est possible, avec le retour à la croissance en Europe et un rebond en Asie du Nord. Et d’ailleurs, les données pour le mois d’octobre confirment, avec une forte accélération des volumes exportés (+8,4% en glissement annuel, après une moyenne de 2,5% sur les trois mois précédents).

Les projets d’investissement à six mois du secteur manufacturier sont en hausse, avec un indice composite (que nous construisons sur la base des données d’enquêtes) à 54,3 sur les trois derniers mois. Un tel niveau est compatible avec une forte accélération des dépenses réelles en équipements et logiciels aux alentours de 10% en glissement annuel (contre une moyenne de 2,5% sur les neuf premiers mois de l’année).

A suivre, next week…

Lundi 9 décembre,

A Paris, il faudra regarder l’enquête de conjoncture de la Banque de France pour novembre.
Seront également publiés les résultats de l’activité et conditions d'emploi de la main-d'œuvre du 3ème trimestre.

L’OCDE présentera ses indicateurs avancés de pour décembre
Il faudra suivre en Chine le taux d’inflation du mois de novembre.

A Berlin sera publié les résultats de la balance commerciale du mois d’octobre ainsi que la production industrielle de ce même mois.

Il ne sera pas inutile de regarder si la Grèce commence à sortir de la récession avec la publication du PIB du troisième trimestre.

Mardi 10 décembre ; à Pékin, seront publiés la production industrielle, les ventes au détail et l’investissement en zones urbaines pour le mois de novembre.

A Londres, seront communiqués les résultats de la production industrielle du mois d’’octobre et de  la balance commerciale

En France, il faudra regarder l’indice de la production industrielle du mois d’octobre pour se faire une idée sur la tendance du dernier trimestre.

A Bruxelles se tiendra une réunion des ministres de l’Economie et des Finances l'Ecofin.

Aux Etats-Unis seront connus les résultats des stocks et ventes des grossistes pour le mois d’octobre ainsi que le niveau du solde budgétaire à fin novembre.

Mercredi 11 décembre sera publié le taux d’inflation (définitif) pour  novembre

Jeudi 12 décembre, il faudra suivre les résultats de la production industrielle de la zone euro pour octobre

En France, sera communiqué le taux d’inflation de novembre. En octobre, le taux s’était abaissé à 0,6 %. Une légère remontée est envisagée autour de 0,7 %.

Aux Etats-Unis, il sera utile de regarder les résultats des inscriptions au chômage de la semaine au 7 décembre. Plusieurs indices seront publiés dont  les prix import/export pour novembre, les ventes au détail pour novembre et les stocks des entreprises pour octobre.

Vendredi 13 octobre, pensez à jouer au Loto ou en bourse et sinon les prix à la production américains de novembre seront publiés. 

En France, le résultat des créations d’entreprises de novembre  sera communiqué.

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