vendredi 30 avril 2010

Le capital n'y suffira pas...

Un point de taxation des revenus du capital rapporte moins de un milliards d’euros (environ 840 millions d’euros). Avec une assiette de 75 milliards d’euros et sachant que les prélèvements sur les produits financiers dépassent en moyenne 30 % (12,5 % de prélèvements sociaux + prélèvements fiscaux), financer les retraites par le capital est une illusion mais pourtant cette chimère fait rêver.

jeudi 29 avril 2010

Les produits d'épargne retraite au banc d'essai

Philippe Crevel a été sollicité pour donner son avis sur les produits d'épargne retraite dans le cadre d'un article du Figaro Magazine du 30 avril 2010.

L'article du Figaro Magazine

Perp, contrats Madelin, Perco, Préfon... Les placements retraite ne manquent pas. Voici quelques pistes pour choisir le plus adapté à votre situation.

Comment se constituer une retraite complémentaire ? La question taraude les Français, de plus en plus conscients des problèmes de financement des retraites. Perp, contrats Madelin, Perco, Préfon... les produits financiers spécialement conçus pour se constituer une épargne retraite ne manquent pas. Leurs points communs : une fiscalité avantageuse au moment de la souscription, qui échappe au plafonnement des niches fiscales. Et l'obtention d'une rente à vie. Pour l'heure, «5 millions d'actifs cotisent sur ces différents dispositifs, soit à titre individuel, soit à titre collectif, à un complément d'épargne retraite», précise Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Epargnants.
Le Perp

Lancé en 2004, le plan d'épargne retraite populaire (Perp) n'a jamais vraiment séduit les épargnants. L'an dernier, seuls 62000 nouveaux contrats ont été ouverts, selon la FFSA, soit 27 % de moins qu'en 2008. Au total, 2,1 millions de Perp ont été souscrits depuis sa création. Le placement offre un avantage fiscal attractif. Le souscripteur peut en effet déduire les cotisations de son revenu net imposable dans la limite de 10 % de ses revenus professionnels de l'année précédente (27696 euros en 2010). Mais, les contraintes sont nombreuses. Tout d'abord, l'épargne est bloquée (sauf cas exceptionnels) jusqu'à la retraite. A cette date, elle est obligatoirement transformée en rente viagère. Et les performances des fonds en euros sont souvent inférieures à la moyenne. «Le gouvernement a récemment reconnu que la législation du Perp doit être améliorée», explique Philippe Crevel. Ainsi, le rapport des états généraux de l'industrie mentionne que «les règles applicables au Perp sont trop complexes et rigides. Les conditions de fiscalisation des rentes viagères mériteraient d'être examinées»...

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Age de liquifdation des droits et âge de cessation d'activité

L’âge de liquidation des droits à la retraite intervient, en règle générale, supérieur à celui de la cessation d’activité, le futur retraité pouvant connaître une période de chômage ou de préretraite avent de toucher sa pension.

De ce fait, il n’est pas étonnant que l’âge moyen de liquidation du premier droit à la retraite soit nettement plus élevé pour les anciens salariés du privé que pour ceux du public (61,3 ans contre 57,5 ans) même si les âges de cessation d’emploi sont relativement proches.

Pour les salariés relevant du régime général, l’âge moyen de fin d’emploi est relativement stable depuis 10 ans. Il se situe entre 58 et 58,5 ans. L’âge moyen de liquidation des droits à baisser entre 2000 et 2008 du fait de la prise n compte des carrières longues et de l’arrivée à la retraite de femmes ayant validé des durées d’assurance plus longues que leurs aînées.

Les actifs ayant validé leurs 40 années de cotisations à 60 sont majoritairement partis à la retraite ; 25 % des hommes et 40 % des femmes ont liquidé leurs droits avec une durée d’assurance inférieure à celle permettant d’avoir une retraite à taux plein.

60 % des hommes et 42 % des femmes avaient au moment de la liquidation de leurs droits dépassé le nombre de trimestres exigés pour avoir une retraite à tau plein.

mercredi 28 avril 2010

Les âges de la retraite

En matière de retraite, de nombreuses confusions sont commises sur la notion d'âge.

Il y a au moins cinq âges qui recouvrent différentes situations juridiques, sociales et économiques.

Ainsi, il y a l'âge d'ouverture des droits qui est également appelé l'âge légal de départ à la retraite. Il correspond à l'âge à partir duquel il est possible de liquider ses droits à la retraite. Pour les salariés du privé, il est, en France, de 60 ans. Dans certains secteurs, il peut être à 50, 55 voire au-delà de 60 ans.

Deuxièmement, il y a l'âge de la retraite à taux plein, c'est l'âge d'obtention d'une pension complète sans décote. Cet âge est fixé à 65 ans en France.

Troisièmement, il y a l'âge de mise à la retraite d'office, c'est à dire l'âge à partir duquel l'employeur peut se séparer de son salarié au motif du départ à la retraite. Il a té repoussé depuis le 1er janvier 2009 de 65 à 70 ans en France pour les salariés de la CNAV.

Quatrièmement, il y a l'âge de cessation d'activité, c'est l'âge auquel le salarié cesse de travailler sans obligatoirement liquider ses droits à la retraite. Il peut être en situation de chômage, de préretraite. Cet âge est inférieur à 60 ans en France.

Cinquièmement, il y a l'âge de liquidation des droits, c'est à dire l'âge auquel la personne liquide sa pension.

Espérance de vie/CSP/Diplômes

L'écart d'espérance de vie entre ceux qui ont un diplôme BAC + 4 et plus et ceux qui ont une durée d'études supérieures de moins de 3 ans est de 3,5 ans en ce qui concerne les hommes. Pour les femmes, l'écart est moindre.

L'espérance de vie à 55 ans d'un homme sans diplôme est de 35,6 ans contre 31,5 ans pour les femmes. Pour un homme ayant le niveau du BAC, l'espérance de vie est de 27,7 as pour un homme et de 32,7 ans pour une femme.

Pour un diplômé du 2ème ou du 3ème cycle, l'espérance de vie pour un homme est de 30 ans et pour une femme de 32,8 ans.

En matière de CSP, l'espérance de vie à 55 ans est de 25,5 ans pour les ouvriers (31,7 pour les femmes) de 26 a ns pour les employés (32,6 ans pour les femmes)et de 27 ans pour les professions intermédiaires (34 ans pour les femmes). Les cadres ont une espérance de vie de 29,2 ans pour les hommes de 29,2 ans et de 33,6 ans pour les femmes soit un écart entre sexe de 4,2 ans.

L'écart d'espérance de vie entre un ouvrier et un cadre homme est de 3,8 ans et de 1,9 pour une femme.

Ces écarts semblent donner raison aux tenants de la prise en compte de la pénibilité mais il faut également intégrer le fait que les cadres prennent plus tardivement leur retraite que les ouvriers et les employés réduisant ainsi la durée effective de leur retraite.

lundi 26 avril 2010

Une superdecote pour contourner la question de l'âge légal à 60 ans

Le Gouvernement étudierait la possibilité d'instituer une décote pour les actifs prenant leur retraite avant par exemple 62 ans. Ils auraient toujours a possibilité de prendre leur retraite avant mais il serait appliqué une décote de 1,25 à 2,50 % par trimestre non travaillé en-dessous de l'objectif. L'application de cette décote pourrait minorer la pension d'environ 20 %. Ainsi, l'âge légal ne serait pas remis en cause tout en permettant au gouvernement de réaliser des économies.

vendredi 23 avril 2010

Agir Pour Ma Retraite N°3


Le troisième numéro d'Agir Pour Ma Retraite est publié.

Au sommaire :

- le rapport du Conseil d'Orientation des Retraites
- l'article 39
- Voies et Moyens de la Réforme
- Surcote et décote
....

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lundi 19 avril 2010

Les réflexions de Jean-Hervé Lorenzi sur les retraites

L'économiste Jean-Hervé Lorenzi, dans une tribune relayée par Boursorama renvient sur le débat de la retraite en le reliant à la situation paradoxale de l'économie qui se caractérise par un excès d'épargne combinée avec des taux d'intérêt faibles. Jean-Hervé Lorenzi constate que tout particulièrement en OCDE, l'épargne ne finance plus des investissements porteurs de croissance et associant risque et rémunération.

Il considère que nous nous trouvons dans un équilibre de sous-emploi keynésien. Il rappelle à juste titre que la crise économique que nous connaissons n'est pas liée à la crise financière mais qu'elle trouve ses origines dans des déséquilibres de l'économie réelle.

Il pense que le règlement du dossier des retraites passe par la constitution d'une épargne vecteur d'une nouvelle croissance.

dimanche 18 avril 2010

Retraite la négociation commence

Le ministre du Travail, Eric Woerth, invité de l'émission Grand Jury sur RTL, le 18 avril 2010, a mentionné que "des efforts" au nom de l'équité et d'une harmonisation entre systèmes public et privé devraient être faits par les fonctionnaires mais qu'aucune réforme brutale n'aura lieu. "C'est pas les mêmes règles et ce sera in fine toujours pas les mêmes règles", a-t-il poursuivi, tout en souhaitant qu'"on accélère la convergence entre les régimes du public et les régimes du privé".Du fait de la non prise en compte des primes dans l'assiette des pensions publiques (depuis 2003, un régime additionnel les prend en partie en compte, le Minitsre a indiqué u'"il faut comparer les temps de référence, mais aussi les assiettes. Ne l'oublions pas et ne tombons pas dans les comparaisons caricaturales avec le privé".


Concernant les augmentations de cotisations, il a mentionné que "rien n'empêche dans la réforme que nous allons mener d'avoir une augmentation ciblée sur telle ou telle catégorie, sur tel ou tel type de revenu".

"Nous aurons probablement des actions ciblées d'augmentation à un moment donné de tel ou tel revenu, tel ou tel revenu du capital ou tel ou tel salarié, etc., (et une) suppression de niches fiscales", a-t-il souligné confirmant les propos du Président de la République.


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jeudi 15 avril 2010

Syntèse du rapport du COR

Par rapport aux prévisions de 2007, le besoin de financement a été multiplié par deux du fait de la crise qui diminué les ressources et qui risque de peser durant de nombreuses années sur la croissance potentielle. Ce besoin, en fonction des scenarii, varie entre 1,7 à 3 points de PIB, soit de 72 à 115 milliards d’euros. La dégradation serait très rapide ; à l’horizon 2015 le besoin de financement pour les trois scénarios atteindrait déjà 1,8 point soit 40 milliards d’euros quelque soit le scénario.

Le Conseil d’Orientation des Retraites souligne que le déficit d’investissement que l’économie française a connu en 2008 et 2009 aura des effets durables sur le potentiel de croissance.

Dans le scenario A, le montant des déficits cumulés atteindrait 77 points de PIB en 2050 contre 61 points dans le rapport de 2007.

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Le cumul emploi/retraite pour les indépendants relevant du RSI

Une circulaire du RSI a précisé les modalités d'application des dispositifs de cumul emploi/retraite pour les indépendants.

Depuis le 1er janvier 2009, le travailleur indépendant a la possibilité de cumuler l’intégralité de sa retraite avec le revenu d’une nouvelle activité ressortant du même groupe de régimes, quelle que soit la date d’effet de sa pension.

Pour bénéficier de cumul, il doit respecter deux conditions :

- être âgé de 65 ans (ou de 60 ans s’il a acquis le nombre de trimestres nécessaires pour liquider sa pension au taux plein)
- avoir fait liquider l’ensemble des avantages de retraite, de base et complémentaires.

Si ces conditions ne sont pas remplies, le travailleur indépendant est soumis au dispositif de plafonnement pour les retraites en vigueur depuis le 1er janvier 2004.

En vertu de ce régime, les revenus de l’activité poursuivie ou reprise ne doivent pas dépasser un demi-plafond de la Sécurité sociale, soit 17.310 euros en 2010.

La circulaire vient préciser que si le travailleur indépendant est soumis au cumul emploi-retraite plafonné et qu’il remplit, en cours d’année, les conditions pour bénéficier du cumul emploi-retraite libéralisé, « le revenu retenu pour le calcul du dépassement et le plafond sont rapportés au nombre de mois au cours duquel l’intéressé n’est pas soumis au cumul libéralisé ».

En cas de dépassement du plafond, les règles de suspension des pensions ont été modifiées par une lettre de la direction de la Sécurité sociale du 8 mars 2010, reprise dans la circulaire. le délai de suspension est limité à douze mois par année civile contrôlée. La circulaire indique que ce délai peut être inférieur lorsque l’activité n’a pas été réalisée sur l’année civile entière.
Dans cette hypothèse, à compter du 1er janvier 2010, le nombre de mois de suspension correspond donc au nombre de mois le plus favorable entre le nombre issu du calcul et le nombre de mois d’exercice de l’activité professionnelle.

La lettre du 8 mars 2010 comprend une mesure de limitation des durées de suspension en cours. Pour les travailleurs indépendants dont la durée de suspension est supérieure à douze mois par année, le service de la retraite est repris au 1er janvier 2010. En revanche, aucun versement ne pourra intervenir rétroactivement.

mercredi 14 avril 2010

Le 8ème rapport du COR

Le Conseil d’Orientation des Retraites a publié son 8ème rapport. Par rapport aux prévisions de 2007, le besoin de financement a été multiplié par deux du fait de la crise qui diminué les ressources et qui risque de peser durant de nombreuses années sur la croissance potentielle. Ce besoin en fonction des scenarii varie entre 1,7 à 3 points de PIB, soit de 72 à 115 milliards d’euros. La dégradation serait très rapide car à l’horizon 2015 le besoin de financement pour les trois scénarios est de 1,8 point soit 40 milliards d’euros.

mardi 13 avril 2010

Retraite, la mur des déficits augmente

Le rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR),
souligne que le besoin de financement de tous les régimes (de base et complémentaires, pour les salariés du public et du privé ou les travailleurs indépendants) atteindrait entre 72 et 115 milliards d'euros par an en 2050.

En retenant le scénario A (gain de productivité de 1,8% par an et chômage à 4,5% par an à partir de 2020), considéré très optimiste par tous les experts, le déficit serait de 40,7 milliards en 2020 et de 72 milliards en 2050 (1,7 point de PIB), dont 51,8 milliards pour la Cnav (régime de base des salariés du privé).

En optant pour le scénario B (1,5% de gain de productivité annuel et 4,5% de chômage après 2020), le besoin de financement global s(élèverait à 45 milliards en 2020 et 103 milliards en 2050 (2,6 points de PIB), dont 64,4 milliards pour la Cnav.

Enfin, le scénario C (1,5% de hausse annuelle de la productivité et 7% de chômage à partir de 2020), le besoin de financement est de 48,8 milliards par an à l'horizon 2020 et de 115 milliards à l'horizon 2050 (3 points de PIB) dont 65 milliards pour la Cnav.

En attendant le rapport du Conseil d'Orientation des Retraites

Eric Woerth a reçu les partenaires sociaux le 12 avril 2010 afin de fixer le calendrier de travail.
L'objectif est d'arriver à un texte d'ici le mois de juillet et la présentation d'un texte au Parlement en octobre.
Le Ministre des Affaires sociales a indiqué qu'il était opposé à l'augmentation des cotisations sociales. Par ailleurs, le Madef est apparu légèrement en retraite sur ses demandes de relèvement de l'âge légal.
Le 14 avril, le Conseil d'Orientation des Retraites publiera son rapport avec des simulations révisées.

Les trois scenarii retenus :


Le scénario A : un retour au plein-emploi (taux de chômage de 4,5%) à partir des années 2020, une productivité en hausse de 1,8% par an

Ce scenario permet de rattraper les niveaux de PIB initialement prévus avant crise, à partir de 2025. Les déficits redeviendraient alors assez proches des estimations faites en 2007. Actuellement, ce scénario est jugé peu probable.

Le scénario B opte également pour un retour progressif au plein-emploi mais envisage une progression de la productivité limitée à 1,5% par an, soit la tendance observée entre 2000 et 2007. Il ne laisse pas envisager un «rattrapage» des prévisions initiales de PIB, donc de déficit.

Le scénario C, enfin, compte sur un chômage redescendant à 7% à partir de 2020, et sur des gains de productivité de 1,5% par an. Ce scénario devrait aboutir à un déficit de 100milliards aux alentours de 2050.

Philippe Crevel en débat avec Henri Sterdyniak sur Public Sénat : lundi 12 avril 2à10

Public Sénat avait convié lundi 12 avril 2010 au Journal de 18 heures Philippe Crevel à débattre sur la réforme des retraites avec Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE.

regarder le journal

vendredi 9 avril 2010

réforme des retraites, tribune de Jean-Pierre Thomas

Dans le Figaro du 9 avril, Jean-Pierre Thomas, membre du Conseil scientifique du Cercle des Epargnants, associé Gérant de la Banque Lazard et ancien député publie une tribune sur les conditions de la réussite de la prochaine réforme des retraites. Il évoque tout à la fois les curseurs paramétriques et l'indispensable, à terme, mutation systémique de notre régime des retraites.

lire la tribune

La malédiction du pouvoir en France

télécharger ou lire l'édito en pdf

De septennat en quinquennat, la vie politique française depuis plus de trente ans est rythmée par des cycles en vertu desquels l’exécutif en vient toujours à abandonner ses promesses et ses idéaux afin de tenter de récupérer une opinion et des médias qui le rejettent.

Le pouvoir est dans notre pays, en soi, illégitime. L’opinion, la rue l’emportent toujours à un moment on un autre. Puis, au niveau des symboles, il convient de souligner que les lieux d’exercice du pouvoir, l’Elysée, Matignon, la Palais Bourbon n’ont pas été construits initialement pour la Présidence de la république, les services du Premier Ministre ou la Chambre des députés. Les révolutions ont eu raison des anciens lieux de pouvoirs transformés en musées ou détruits comme pour les Tuileries. La France n’en a toujours pas terminé avec le raccourcissement de Louis XVI, la fin du Second Empire ou l’humiliation de 1940 ainsi qu’avec les guerres coloniales.

Les élections confèrent à l’exécutif un sursis qui peut durer de quelques mois à deux ans mais rarement plus. C’est le mythe des cent jours, de la lune de miel… Durant cette période, il est pour utiliser une expression de franglais « médiamaker ». Il est générateur d’actualités. Il est créateur d’évènements positifs. C’est tout neuf et tout beau. Les journalistes relaient alors avec complaisance les faits et gestes des nouveaux puissants. Drogués par cette illusion de puissance, les responsables en viennent à commettre toute forme d’excès et à perdre le sens de la mesure. Notre tradition royaliste prend le dessus amenant la presse et l’opinion à se retourner. Et puis, il est toujours amusant de condamner ce que l’on a tellement aimé. Le pouvoir de « médiamaker » devient « mediataker ». Il est obligé de réagir, de se justifier par rapport aux allégations de la presse, des blogs… Il court derrière l’actualité. De pyromane, il est transformé en pompier impuissant. A peine, un incendie est éteint que plusieurs autres prennent aux quatre coins de la France. L’opposition et les syndicats n’ont qu’à jeter que quelques gouttes d’huile à jeter pour embraser de multiples foyers qui durant la première période n’auraient donné lieu qu’à quelques lignes au fonds d’une rubrique. Un responsable de FO avait un soir dans le bureau d’un ministre de la santé déclaré que la démocratie sociale, c'est-à-dire la force de la rue mue par des organisations qui ne représentent que quelques pour cents de la population active l’emporte toujours sur la démocratie politique. Ce coup de menton n’est pas sans fondement.

Face aux déchainements médiatiques, face à la baisse dans les sondages, les gouvernements en viennent à abandonner leur programme. En règle générale, ils essaient de colmater les brèches en décidant la pause dans les réformes et en obéissant aux diktats de la presse. Ils en arrivent à pratiquer une politique inverse à leurs engagements.

En 1981, François Mitterrand est élu sur la base d’un changement net d’orientation de la politique économique. Dès 1982 avec la défaite aux cantonales et surtout en 1983, après les résultats catastrophiques des municipales et la dégradation de la situation économique, l’exécutif décide la pause dans les réformes. La bataille de l’école privée, en 1984 aura raison de l’esprit du 10 mai 1981. La nomination de Laurent Fabius comme Premier Ministre et le départ des ministres communistes confirment la modification du cap ce qui n’empêchera pas la droite de gagner les élections législatives de 1986.

La première cohabitation de 1986-1988 n’échappera pas à la règle même si elle demeure comme une période durant laquelle un gouvernement oser mettre en œuvre une grande partie. Les manifestations étudiantes et la mort de Malik Oussekine ont néanmoins provoqué une césure ; il y a avant et après cette mort. Avant Jacques Chirac est dans la certitude de gagner l’élection présidentielle ; après il tente de ne pas mourir. Sa défaite a marqué l’histoire politique de ses vingt dernières années. Pour gagner l’élection suivante, le pouvoir se doit de na pas appliquer son programme et gérer au fil de l’eau. Telle a été la leçon qui a, à tort, été retenue de cette première cohabitation.

La période 1988-1993 est marquée par la lente déliquescence sur fonds d’affaires du pouvoir socialiste. Il n’en demeure pas moins qu’elle comprend deux partie, la première avec Michel Rocard, Premier Ministre populaire qui instaure la CSG et tente de réformer le pays en conservant les acquis libéraux du précédent gouvernement, la seconde avec les gouvernements d’Edith Cresson et de Pierre Bérégovoy impopulaires qui sont ballotés par les évènements.

La seconde cohabitation se veut différente de la première du fait que François Mitterrand ne se représente pas et qu’Edouard Balladur entend ne pas commettre les erreurs de son ancien mentor et désormais concurrent. Il veillera à appliquer avec un extrême pragmatisme le programme de 1993 ce qui n’empêchera de buter sur le Contrat d’Insertion professionnelle. Dès la fin de l’année de 1993 et surtout à partir du mois de mars 1994, la période de grâce est terminée. La descente aux enfers sera lente mais tracée jusqu’à la défaite en 1995.

L’élection de Jacques Chirac donnera lieu à la plus courte lune de miel. Dès la fin de l’année, le pouvoir doit abandonner son ardeur réformatrice et se contenter de gérer le quotidien. Les grandes manifestations de l’hiver 95 cumulées avec les affaires ainsi que les divisions au sein de la majorité incitent le pouvoir à anticiper les élections législatives en 1997, une année avant la fin de la législature. Le pari fut perdu du moins pour la conservation de Matignon mais se révéla judicieuse pour la réélection de Jacques Chirac.

Le quinquennat « matignoneste » de Lionel Jospin et de la gauche plurielle commença dans le bonheur avec le retour de la croissance et les 35 heures. Tout réussissait au nouveau Premier Ministre. Son équipe était appelée la « dream team » avec Dominique Strauss-Kahn, Elisabeth Guigou, Martine Aubry, Dominique Voynet… L’assassinat du Préfet Erignac, la difficile application des 35 heures rendues obligatoires dans le dos du patronat, les divisions à gauche fissurèrent l’édifice. Le balancier mis à gauche toute au début de la législature se déplaça à droite avec un Laurent Fabius devenu Ministre de l’Economie et qui se voulait être le Tony Blair français. L’impôt sur le revenu fut abaissé et les stocks options favorisées. Lionel Jospin ne franchit pas le premier tour offrant à Jacques Chirac, tout étonné, une élection à la soviétique.

Avec 82 % des voix, la légitimité aurait pu être forte et durable or elle ne résista pas à l’épreuve de la tradition. Jean-Pierre Raffarin, au début, avec son côté bon sens près de chez-vous » fut très populaire et entrepris de réformer le système de retraite. La canicule de 2003 et l’usure des bonnes formules génèrent un désamour au point où la droite perdit les élections régionales et cantonales de 2004 ainsi que l’élection européenne de 2005. Impopulaire, l’exécutif dut subir une défaite humiliante avec le référendum concernant le Traité constitutionnel européen voulu par la France et écrit sous l’autorité de Valéry Giscard d’Estaing. Dominique de Villepin a en quelques mois connu la même fatalité, l’envol dans les sondages, le côté tout est possible puis la douche froide avec l’échec du CIE et l’affaire clairstream.

2007 rererebelotte… Nicolas Sarkozy avait prouvé qu’il pouvait être mediamaker sur longue période en tant que ministre de l’intérieur. Il le fut durant toute la campagne électorale. Par son dynamisme, il continua au-delà des quelques incompréhensions provoquées par le yacht de Bolloré ou son escapade estivale aux Etats-Unis durant l’année 2007 à créer le mouvement et à maintenir le cap. La crise en lui conférant un rôle international renforça sa stature. La victoire relative de l’UMP à l’élection européenne de 2009 lui donna un sursis tout comme la popularité de son Premier Ministre. Il n’en demeure pas moins qu’au fil des mois, la presse a repris son droit à détruire, à créer l’actualité. D’offensif, le pouvoir est devenu défensif. Les Ministres courent de plus en plus derrière les incendies allumées pour certains par eux-mêmes, par leurs collègues. Toutes les décisions sont mauvaises. Il en fut ainsi avec le plan de vaccination comme il en est aujourd’hui avec les expropriations en Vendée et en Charente Maritime après les inondations liées à la tempête Xynthia. Il y a quelques semaines, toute la presse considérait qu’il fallait détruire les maisons ; aujourd’hui, c’est scandaleux de priver de leur maison des familles…

Englué dans l’histoire du bouclier fiscal, terrible mot pour un principe qui devrait faire l’objet d’un consensus (est-il normal que plus de la moitié de ses revenus soit affectée aux impôts), le pouvoir en vient à vouloir taxer les riches ce qui signifie en France taxer les cadres moyens et les cadres supérieurs, c'est-à-dire ceux qui sont déjà les plus imposés. A vouloir obéir à l’opinion publique, le pouvoir risque de se désagréger.

La remise en cause du bouclier fiscal pourrait intervenir dans le cadre de la réforme des retraites. Il est fort à parier qu’à deux ans de l’élection présidentielle, de peur de se mettre à dos la démocratie sociale, le pouvoir décide de modifier avec prudence les paramètres avec comme conséquences de mécontenter tout le monde. Augmentation des contributions, allongement de la durée de cotisation, étude pour l’avenir de la retraite par points et du report de l’âge légal de départ à la retraite… Rel pourrait être le programme de la négociation.

jeudi 8 avril 2010

La lettre du Cercle des Epargnants - Avril 2010

Au sommaire de la lettre n°45 du Cercle

- de l'assurance-vie à l'assurance-retraite
- l'emploi des seniors, une question d'âge social
- le taux d'équipement des entreprises en produit d'épargne retraite
- les contrats Madelin
- la dépendance
- l'avenir du PERP
...


lire la lettre



mardi 6 avril 2010

Fonction Publique : réforme ou pas réforme ?

Les retraités de la fonction publique sont payés directement par l'Etat ; il n' y a pas l'équivalent de la CNAV pour les fonctionnaires ; heureusement sinon il serait en situation de faillite du fait du rapport démographique très défavorable en particulier en ce qui concerne la fonction publique d'Etat.

pour en savoir plus

lundi 5 avril 2010

Dette publique, le pire n'est pas certain mais bon il faut se bouger

Un rapport de la Banque des Règlements Internationaux publié récemment souligne que du fait du vieillissement de la population, la dette publique de nombreux Etats pourrait dépasser à court terme les 100 % du PIB mais que la dérive pourrait les porter à 200 ou à 300 % du PIB, des taux insoutenables. A de tels niveaux, les Etats seraient paralysés par le service de la dette et les marchés refuseraient de prêter. De ce fait, il faut que d'ici là quelque chose change afin d'éviter la banqueroute...

lire le rapport de la BRI