lundi 28 avril 2014

Retraite, le geste en faveur des petites pensions

Le Gouvernement prévoirait d'effacer l'effet du gel des prestations pour les pensions inférieurs à 1200 euros par mois. Seraient concernés par cette mesure plus de 40 % des retraités. Il faudra avoir le contenu du dispositif pour bien en analyser les conséquences. Il devrait être rendu public mardi 29 avril.


samedi 26 avril 2014

La lettre économique hebdomadaire N°72 : 26 avril 2014



Le coin des Epargnants

La bourse de Paris n’a pas franchi le cap des 4500 points. Elle s’est arrêtée à 4 443 points vendredi 25 avril. Sur la semaine, Paris a gagné 1,08 %. La fin de la semaine a été animée par les spéculations sur Alsthom
La bourse a bien accueilli le fait que Standard and Poors maintienne la note de la France à double A avec une perspective stable. Il en a résulté une baisse des taux demandés à la France. Le taux des emprunts à 10 ans est passé en dessous des 2 % à 1,989 %. L’Allemagne emprunte à 1,509 %. L’écart est revenu en dessous de 0,5 point entre les deux pays. Les taux d’intérêt dont bénéficie la France sont les plus bas depuis ces trente dernières années. Ils ne sont pas l’expression d’une bonne santé financière. Ils indiquent que les opportunités de placements sans risque sont assez réduites à l’échelle mondiale au regard de la quantité de capitaux disponibles.

Le commerce international en panne, changement d’époque ou nouvelle tendance

Logiquement, le commerce international croit plus vite que le PIB ; or depuis la grande crise de 2009, ce n’est plus le cas. Avec la crise de l’Europe et le léger essoufflement de l’Asie, le commerce internationale stagne voire recul. Ainsi, la moyenne sur trois mois est retombée, pour la première fois depuis octobre 2012, dans le négatif (à -0,7%), après un mois de janvier déjà très faible (+0,2%).

France, l’emploi du désespoir

Pas de répit sur le front du chômage, la France n’arrive pas avec une croissance qui demeure atone à contrecarrer le mouvement de hausse du chômage. Certes, la hausse a été faible au mois de mars mais compte tenu des moyens employés par les pouvoirs publics pour endiguer le chômage, elle traduit malheureusement la caractère structurel du chômage dans notre pays.

Compte tenu de la conjoncture, le Gouvernement ne pouvait pas s’attendre à des miracles au mois de mars. La progression du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A est de 1600 au mois de mars est un résultat assez logique. La consommation et la production industrielle sont assez étales depuis le début de l’année. Ainsi, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A s’élève à 3,349 millions. Pour l’ensemble des inscrits à Pôle emploi, ayant ou non travaillé dans le mois (catégories A, B et C), l’évolution est de +0,2%, (+11700). La montée en puissance des contrats d’avenir.

Le Gouvernement se félicite de la baisse du chômage des moins de 25 ans, -0,8 % en mars soit 4300 jeunes en moins. Il y a un phénomène saisonnier de ce chômage qui est à prendre en compte tout comme la montée en puissance du dispositif des contrats d’avenir. Néanmoins, en un an, de mars 2013 à mars 2014, le nombre de demandeurs de moins de 25 ans a diminué de 2,6%.

Si le chômage des moins de 50 ans a diminué en mars, les entreprises poursuivent à licencier les plus de 50 ans. Le nombre de demandeurs de plus de 50 ans s’accroit de +7300 en mars. Les entreprises réduisent leurs coûts sociaux en taillant dans les effectifs les plus âgés. Elles pratiquent ainsi une déflation salariale d’autant plus que les salaires des jeunes sont orientés à la baisse. Cet ajustement par l’emploi des seniors est une conséquence de la rigidité des salaires. Autrefois, c’était les plus de 55 ans qui étaient visés, désormais, les entreprises régulent leurs effectifs à partir de 50 ans.

L’Europe toujours entre deux eaux et la France à la traîne

L’Allemagne continue son petit bonhomme de chemin afin une croissance qui pourrait tendre cette année autour de 2 %. Le fait nouveau est la reprise des Etats d’Europe du Sud avec l’Espagne et le Portugal. En revanche, la France et l’Italie restent à la traine du mouvement de reprise.

La France est sur un faux plat. La croissance reste très modeste avec des indicateurs avancés peu encourageants.
Les enquêtes menées par l’INSEE soulignent que le climat des affaires a cessé de s’améliorer depuis près de huit mois pour se stabiliser à un niveau légèrement inférieur à sa moyenne historique. Dans ces conditions, l’objectif de croissance de 1 % semble difficile à atteindre.

L’Italie éprouve également les pires difficultés à sortir de son atonie et cela malgré des réformes plus énergiques qu’en France. Son marché intérieur est pénalisé par le déclin démographique. Par ailleurs, la traduction concrète des réformes engagée est longue à se traduire dans les faits.

La zone euro est bon élève à condition de ne pas regarder dans le détail

Eurostat a mentionné la semaine dernière que les déficits publics avaient été, en moyenne de 3 % du PIB en 2013 contre 3,7% en 2012.

Le fameux objectif des 3 % n’a été atteint qu’en moyenne et non Etat par Etat.

En Allemagne, les finances publiques étaient équilibrées l’an dernier, et, ce, pour la deuxième année consécutive. 

Du coup, le pays a pu poursuivre sa politique de réduction du ratio de dette publique, ramené à 78,4% du PIB en 2013 contre 82,5% en 2010.

Les autres pays du centre de la zone euro ont également pu réduire leurs déficits en les ramenant entre 1,5% et 2,6% du PIB en Autriche, en Finlande, en Belgique et aux Pays-Bas.

La France fait figure d’exception tant par son ampleur de son déficit public et du fait qu’elle n’a pas été réellement mise sous contrôle européen ou sous assistance. La taille du pays et les annonces récurrentes des pouvoirs publics indiquant que la situation était sous contrôle ont jusqu’à maintenant convaincus tant la Commission de Bruxelles que les marchés.

Le déficit budgétaire français excède largement la fameuse limite de 3% en se situant à 4,3% du PIB en 2013 et un déficit qui devait se situer autour de 4 % en 2014. L’Italie, malgré un déficit mieux maîtrisé avec un excédent primaire (avant paiement des intérêts) reste encore en zone rouge du fait d’une dette publique de plus de 132%.

Ces deux pays pèsent 35% du PIB de la zone euro ; or en cas de dérapage de l’un ou de l’autre, il y a un véritable risque de déstabilisation. Les deux pays qui se sont engagés dans une politique de maîtrise des déficits et de relance par l’offre doivent pour s’en sortir renouer au plus vite avec la croissance faut de quoi il faudra appliquer des recettes bien plus dures.

Etats-Unis, la faute au mauvais temps et à la pierre

Les Etats-Unis ont a priori passé un mauvais premier trimestre. C’est connu quand cela ne va pas, c’est à cause du mauvais temps… les frimas du mois de janvier ont eu raison du PIB. Il faut ajouter les réductions des injections de liquidité.

L’immobilier a été assez touché. Ainsi, dans l’ancien, les ventes ont été très médiocres durant tout le premier trimestre. La situation est encore plus mauvaise dans le neuf, les ventes ayant plongé encore plus vite en mars qu’en février. Les ventes totales de logements étaient de 4,478 millions d’unités au premier trimestre 2014, au plus bas depuis l’été 2012 et en baisse de 6,5% en glissement annuel et de 6,4% en rythme trimestriel annualisé.
Pour le moment, ces mauvais résultats n’ont pas eu de conséquences sur les prix qui restent orientés à la hausse. En glissement annuel, les prix de vente médians sont en hausse de 12,6% dans le neuf et de 7,4% dans l’ancien en mars.

Le haut de gamme résiste assez bien et pousse les prix vers le haut. Les ventes sont déprimées dans le segment des logements bon marché. Les ventes de logements anciens de plus de 1 million de dollars étaient en hausse de 7,8% en mars, alors que les biens d’une valeur comprise entre 100 000 et 250 000 dollars ont connu une chute de 9,9% des transactions.

Le marché de l’immobilier est le premier touché par le changement de la politique monétaire. Avec la baisse de l’inflation, les taux hypothécaires réels sont en hausse d’environ 120 pb ces dernières semaines.

A suivre, next week

Lundi 28 avril

Au Royaume-Uni, il faudra suivre les résultats du premier trimestre 2014 avec une croissance encore vive autour de 0,9 %. Le taux de croissance avait été de 0,7 % au dernier trimestre 2013 et de 0,8 % au troisième. Le PIB annuel devrait peut être franchir le cap des 3 %.

En Italie sera publiée la confiance des consommateurs qui devrait s’inscrire en baisse.

Mardi 29 avril

Pour la zone euro, il sera intéressant de regarder l’indice du climat économique du mois d’avril. Il devrait avoir augmenté. Il est à son point le plus haut depuis juillet 2011.
Il faudra suivre les résultats de l’évolution de la masse monétaire M3 de la zone euro ainsi que le volume des prêts. 
Avec l’inflation, ce sont les indicateurs clefs pour déterminer le risque déflationniste en zone euro. Ils devraient être relativement stables en ce qui concerne le mois de mars.

En Allemagne sera rendu publique l’inflation du mois d’avril qui devrait se situer en base annuelle à 1,3 % contre 1 % en mars

Mercredi 30 avril

Aux Etats-Unis, sera attendu le résultat du PIB pour le premier trimestre 2014. En rythme annualisé, le taux de croissance ne serait que de 1 %. Ce faible taux est imputable au mauvais temps et au contrecoup de la reconstitution de stocks à la fin de l’année 2013. Le deuxième trimestre devrait être mieux orienté.

Aux Etats-Unis, toujours il faudra suivre la réunion FOMC de la FED. Les achats mensuels de titres devraient se réduire à 45 milliards de dollars.

Au Japon, sera communiquée la production industrielle du mois de mars. Un recul est attendu.
Pour la zone euro, il faudra regarder le taux d’inflation du mois d’avril qui devrait s’inscrire en légère hausse. Il devrait être à 0,8 % contre 0,5 % en mars. Si la hausse est limitée, la BCE pourrait être amenée à infléchir sa politique monétaire

En Allemagne sera rendu public le rapport emploi du mois d’avril. Après avoir reculé en mars (-12K) pour le quatrième mois consécutif, le chômage devrait encore baisser en avril. Le taux de chômage devrait rester à 6,7%, au plus bas depuis plus de vingt ans.

En France, il sera important d’analyser les dépenses de consommation des ménages en biens pour le mois de mars. Une augmentation des dépenses de consommation des ménages en biens est attendue à hauteur de 0,6 %, la plupart des postes corrigeant la contre-performance de février, ce qu'indique aussi la forte remontée de la confiance des ménages.

En Italie sera publié le taux de chômage de mars qui devrait rester à 13 %. Il en sera de même pour l’indice des prix à la consommation qui en base annuelle devrait se situer à 0,5 % en avril contre 0,3 % en mars.

Jeudi 1er mai

Aux Etats-Unis, il faudra suivre l’indicateur ISM du mois d’avril. L'amélioration de la confiance dans les secteurs manufacturiers devrait se confirmer avec un ISM en hausse à 54,5 (après 53,7 en mars). La hausse, principalement de la production le mois dernier, devrait se faire ressentir sur l’emploi.
Au Japon sera publié le taux de chômage qui devrait être de 6 %.

Vendredi 2 mai

Aux Etats-Unis, sera publié le rapport emploi du mois d’avril. Logiquement, 200 000 emplois auraient été créés. Le rythme de création demeure insuffisant pour améliorer le taux d’emploi. Le taux de chômage devrait rester à 6,7 %.
Au Japon, il faudra regarder l’enquête sur les revenus et dépenses de ménages de mars. La consommation des ménages avait augmenté de 6 % en mars ; les ménages ayant anticipé la hausse de la TVA. De ce fait, une baisse est attendue pour avril. Toujours au Japon sera publié le rapport sur l'emploi de mars. Le marché du travail est resté porteur en mars tant grâce au commerce que grâce à l’industrie.
Seront publiés les indicateurs avancés Markit-PMI pour le mois d’avril en ce qui concerne l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne et l’ensemble de la zone euro. Ils sont attendus en hausse confirmant l’amorce d’une reprise.

La semaine économique est une publication réalisée par Lorello Eco Data, société d’études et de stratégies économiques dirigée par Philippe Crevel
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vendredi 25 avril 2014

La portabilité des retraites complémentaires bientôt de droit au niveau euroépen

tSous réserve de l'accord par le Conseil européen, les retraites complémentaires devront être portables d'un pays à un autre au sein de l'Union. 
En effet, les travailleurs européens qui s'établissent dans un autre pays de l'UE pourront conserver leurs droits à la retraite complémentaire en vertu d’un projet de directive adopté par le Parlement européen le 15 avril 2014 et qui met ainsi fin à une saga législative débutée en 2005.

Le projet de directive avait été présenté par la Commission européenne en 2005 avant d’être révisé en 2007, alors que le Parlement avait adopté sa position en première lecture. La législation a ensuite été bloquée au Conseil pendant six ans, en raison des différences entre les régimes de retraite des États membres et du vote unanime requis au Conseil, 


Pour précision, depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le texte pouvait être adopté à la majorité qualifiée au Conseil, ce qui a permis la reprise des négociations. Sur la base de la proposition modifiée de la Commission, les colégislateurs ont donc négocié en vue d'un accord en deuxième lecture anticipée, qui a donné lieu à l’accord en trilogue du 27 novembre 2013. Le 16 décembre 2013, le Conseil a ensuite dégagé un accord politique sur  sa position en première lecture qu’il a formellement adoptée le 18 février 2014 et qui "reflète le compromis intervenu dans les négociations entre le Conseil et le Parlement, avec l'aide de la Commission".
Le 20 mars 2014, la commission de l'emploi et des affaires sociales (EMPL) du Parlement a adopté sa recommandation pour la deuxième lecture contenue dans le rapport de Ria Oomen-Ruijten (PPE, Pays-Bas) relative à la position du Conseil en première lecture. Compte tenu du résultat des négociations avec le Conseil, elle recommandait à la plénière d'approuver la position du Conseil en première lecture sans amendements "dans la mesure où la proposition à l'étude garantit la sécurité juridique des droits à pension complémentaire pour la mobilité transnationale des travailleurs".
La portabilité des pensions financées par l'Etat, pour les personnes qui s'installent dans un autre Etat membre, est déjà garantie par le droit européen. Cependant, une protection équivalente pour les systèmes de retraites complémentaires, financées ou cofinancées par les employeurs, n'existait pas jusqu'à présent, et les personnes qui déménageaient d'un Etat membre à l'autre prenaient le risque de perdre leurs droits acquis sur une période jugée trop courte.
Conformément aux nouvelles dispositions, la "période d'acquisition des droits", c'est-à-dire la période d'affiliation active nécessaire pour qu'une personne conserve ses droits à la retraite complémentaire, sera au maximum de trois ans. Pour mémoire, l’Allemagne et le Luxembourg notamment réclamaient de porter cette période à cinq ans. La législation s'applique aux travailleurs européens qui se déplacent dans l'ensemble de l'UE, mais également, à la demande du Parlement, aux travailleurs transfrontaliers.
L'accord fixe un délai de quatre ans pour la transposition de la directive en droit national. Le texte doit encore être approuvé par le Conseil dans son ensemble.

Retraite : le Gouvernement s'oriente vers le crédit d'impôt

Manuel Valls a confirmé qu'un geste en faveur des petites pensions serait réalisé afin de compenser en tout et partie le gel des pensions jusqu'au 1er octobre 2015.

Du fait de ne pas pouvoir jouer sur le montant des pensions compte tenu du nombre important des régimes de base et complémentaires, le Gouvernement s'oriente vers l'instauration d'un crédit d'impôt qui risque d'être une nouvelle usine à gaz. Il faudra prendre en compte l'ensemble des revenus, financiers, fonciers et pensions ainsi que la situation familiale.

L'autre piste est un allègement de la CSG qui est déjà réduite pour les retraités. Dans tous les cas, il faudra trouver des ressources complémentaires pour financer cette mesure.

jeudi 24 avril 2014

Après Sapin, Valls annonce un geste pour les retraités mais que peut-il faire ?

Michel Sapin sur France Info a indiqué ce matin qu'un geste serait fait pour les pensions se situant en-dessous de 800 à 900 euros.

Manuel Valls a également annoncé à l'occasion d'un déplacement une avancée sur ce dossier sensible qui concerne 15 millions de retraités.

Le problème auquel sera confronté le Gouvernement est la détermination des petites pensions. En effet, les retraités touchent des pensions en provenance de plusieurs organismes. De ce fait, il est tout à fait possible d'avoir plusieurs petites pesions sans pour autant être dans les retraités modestes.

Le Gouvernement pourrait jouer sur la CSG afin de corriger en partie l'impact du gel des pensions en exonérant un nombre croissant de retraités. Aujourd'hui, les retraités retraités  acquittent la CSG à un un taux plus faible  que les actifs : 6,6% au lieu de 7,5%

Par ailleurs sont exonérés de ce prélèvement: les bénéficiaires d’une pensions non contributive  (allocation de solidarité pour les personnes âgées, minimum vieillesse…) et les retraités dont les ressources de l'avant-dernière année sont inférieures à un plafond. 

Le taux est réduit (3,8%) pour ceux dont les ressources sont supérieures à ce même plafond, mais dont l'impôt sur le revenu reste inférieur à 61€ (montant en dessous duquel l'administration fiscale ne réclame pas le paiement de l'impôt).

Durant la réforme des retraites de 2013, il avait été évoqué une harmonisation sur le régime des actifs....

samedi 19 avril 2014

La semaine économique vue par Philippe Crevel : N°71

La semaine économique est une publication de la société d'études économique Lorello Ecodata 


Le coin des Epargnants

La bourse a repris le chemin de la hausse durant une semaine écourtée en raison du Vendredi Saint. Le CAC 40 a terminé, jeudi soir, à 4 431 points en progression sur une semaine de 0,42 %. Depuis le début de l’année, l’augmentation est de 3,16 % et sur un an, elle atteint 23 %.

La semaine a été marquée, une fois de plus, par les événements ukrainiens et par les menaces déflationnistes en Europe. Il est à noter que l’automobile a boosté la bourse du fait d’une reprise des immatriculations depuis le début de l’année, + 10 % en mars pour l’ensemble de l’Europe.
Dans les prochains jours, il faudra suivre les résultats de la collecte du Livret A et de l’assurance-vie.

France, le répit mais pas le report

La France a gagné un répit à défaut d’obtenir un nouveau report. Manuel Valls n’obtiendra pas un nouveau délai pour le passage des déficits publics en-dessous de la barre des 3 % du PIB mais la Commission européenne en fin de mandat devrait offrir, en cadeau d’adieu, un répit à la France en prenant acte de l’effort consenti en matière d’économies budgétaires.

Les marchés financiers et donc les investisseurs semblent donner du crédit au plan gouvernemental en acceptant de prêter à la France à un taux historiquement bas, 1,97 %. La différence entre les taux français et allemand à 10 ans est de 0,46 point seulement. L'Allemagne achète à 1,51%, la France à 1,97%. Le gel des prestations sociales jusqu’au 1er octobre 2015 et le blocage de l’indice des fonctionnaires ont sans nul doute marqué les esprits.

Cette capacité à emprunter à un taux très faible allège la facture du service de la dette qui accapare environ 15 % du budget de l’Etat. Une augmentation d’un point représente une surcharge de 10 milliards d’euros.

La France bénéficie également de la raréfaction des émissions de l’Etat allemand du fait que désormais le budget est désormais à l’équilibre. De ce fait, la France bénéficie d’une partie des capitaux ainsi libérés.
Tout le pari de François Hollande et du nouveau gouvernement est de pouvoir mener de front le pacte de responsabilité, le pacte de solidarité et la réduction des déficits publics. Pour cela, il compte sur la reprise de la zone euro. Si la croissance parvenait à passer au-dessus de 1 % à la fin du second semestre, la France bénéficierait d’une petite bouffée d’air.

Economie allemande la confiance n’interdit pas la vigilance

Les autorités allemandes s’attendent à une croissance de 1,8 % cette année et de 2 % en 2015 contre 0,4 % en 2013. "L'économie allemande connaît une solide dynamique de croissance et elle a deux bonnes années devant elle", a indiqué le ministre de l'Economie Sigmar Gabriel.

La demande intérieure devrait être le moteur de la croissance avec une augmentation de 1,9% cette année et de 2,1% en 2015, avec une augmentation des dépenses des ménages et l'investissement dans le bâtiment et les équipements. Cette évolution pourrait rassurer les partenaires de l’Allemagne qui lui reprochent des exportations excessives.

La demande interne sera soutenue par une augmentation des salaires en relation avec les négociations salariales tandis qu'un marché du travail solide, une inflation modeste et des taux d'intérêt bas encouragent les Allemands, habituellement portés à épargner, à dépenser.

Selon les projections du ministère, les salaires augmenteront encore cette année et en 2015, tandis que le taux de chômage tombera à 6,7% cette année et à 6,6% en 2015.

Le ministère considère que les exportations de l'Allemagne augmenteront de 4,1% cette année, grâce à une amélioration générale de la conjoncture de la zone euro, et de 4,6% en 2015. Mais dans le même temps, les importations augmenteraient de 4,7% cette année et de 5,1% l'an prochain. Il en résulte que la contribution du commerce extérieur à la croissance serait nulle cette année et de 0,1% seulement en 2015, impliquant une réduction de l'excédent courant.

Les indicateurs avancés allemands sont moins optimistes que les autorités. Ils sont orientés à la baisse depuis 4 mois (indice ZEW). L’Ukraine n’est pas le seul souci. En effet, les instituts de conjoncture sont inquiets avec l'instauration d'un salaire minimum et avec la réforme des retraites permettant à certains salariés de partir à l'âge de 63 ans.

Etats-Unis, pas encore de surchauffe inflationniste

Petite surprise, l’inflation a repris des couleurs aux Etats-Unis mais pas de panique, la surchauffe ne se profile pas. Le taux d’inflation est, en effet, passé de 1,1 à 1,5 % en base annuelle au mois de mars avec une progression de 0,2 % sur le mois. Néanmoins, l’inflation sous-jacente reste contenue. La progression est imputable en partie aux évolutions conjoncturelles des prix de l’énergie. Les capacités de production restent largement excédentaires aux Etats-Unis comme dans l’ensemble des pays avancés. Par ailleurs, le taux d’emploi outre-Atlantique reste faible.

L’accélération de l’inflation ne pourrait venir que d’une augmentation de la demande intérieure ce qui suppose une progression du pouvoir d’achat. Si Barack Obama fait pression pour une revalorisation des salaires, il est fort peu entendu pour le moment. De ce fait, la probabilité de l’enclenchement d’un cycle inflationniste demeure très faible.

Quel parlement européen et quelle commission européenne ?

Dans un mois, précisément entre le 22 et le 25 mai se dérouleront dans les 28 Etats membres de l’Union européenne, les élections au Parlement européen. Dans la foulée, une nouvelle Commission européenne sera composée. Les premières projections soulignent la montée en puissance des petits partis et de l’extrême au détriment des deux grandes forces politiques que ce sont les socio-démocrates et les démocrates-chrétiens-conservateurs. Ces deux groupes seraient à égalité. Le Parti Populaire Européen qui comprend notamment la CDU et l’UMP pourrait compter sur l’appui des libéraux quand les socio-démocrates pourraient bénéficier de l’appui des verts. La constitution d’un groupe nationaliste avec le FN se posera sans nul doute même si dans le passé les partis d’extrême droite éprouvent les pires difficultés à s’unir. Il est fort probable que de toute façon qu’aucun des deux grands partis n’ait la majorité absolue et qu’une coalition plus ou moins large se dessine. Cette situation risque de rendre plus complexe la constitution de la Commission qui doit être validée par le Parlement. Cette situation pourrait fragiliser la Commission.

Au niveau économique, il n’y a pas d’inflexion majeure à attendre. L’absence de consensus sur la reprise de la construction européenne devrait peser sur l’activité de la Commission qui intervient de plus en plus en défensif.

L’euro s’apprécie car il est apprécié

L’euro s’apprécie car il est demandé. Et si notre monnaie commune est demandée, c’est en premier lieu à cause de notre excédent commercial. La zone euro exporte plus qu’elle n’importe. De ce fait, les importateurs pour régler leurs factures acquièrent de l’euro ce qui en fait monter le cours. Les Etats-Unis sont déficitaires de plus de 200 milliards de dollars par an quand l’Europe dégage un excédent d’une centaine de milliards d’euros. Sur le seul mois de février, l’excédent de la zone euro a été multiplié par deux. Logiquement, le dollar devrait se déprécier plus fortement. Son rôle d’étalon et de monnaie de réserve freine sa glissade.

Deuxième facteur, l’euro retrouve quelques lustres en raison du retour de la croissance et de la sortie de crise des Etats d’Europe du Sud. La crise des dettes publiques s’estompe et de ce fait les investisseurs placent plus facilement leur argent en Europe.

Troisième raison, les pays émergents n’inspirent plus la même confiance du fait du ralentissement de leur croissance, de l’augmentation des coûts (Chine par exemple) et des menaces de faillites bancaires. Les investisseurs rapatrient leur argent sous des cieux plus cléments ce qui favorise l’Europe.
La politique monétaire de la BCE est jugée crédible et prévisible ce qui renforce une fois de plus l’appréciation de la monnaie commune.

Il n’est pas inutile de rappeler les avantages de cette appréciation. Le coût des importations est réduit et cela vaut pour le pétrole en particulier. Cela permet des gains de pouvoirs d’achat par désinflation. Par ailleurs, cette demande d’euros contribue à maintenir les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas ce qui favorise le crédit.

A suivre, next week

Lundi 21 avril

Au Japon, il faudra suivre les résultats des échanges commerciaux du mois de mars. Le déficit devrait persister autour de 2,5 % du PIB, comme quoi le champion des années 80 – 90 des exportations est entrée dans un nouveau cycle.

Aux Etats-Unis, il faudra suivre les indicateurs de l’activité nationale de la FED de Chicago qui devraient indiquer la poursuite de la reprise.

Mardi 22 avril

Aux Etats-Unis, il sera utile d’analyser les résultats sur les ventes maisons pour le mois de mars. Au mois de février, un recul avait été enregistré.

Pour la zone euro, sera attendu l’indice de confiance des consommateurs pour avril

Mercredi 23 avril

Les différents indicateurs avancés PMI seront publiés (PMI services, manufacturier et composite) notamment pour la France, l’Allemagne et la zone euro ainsi que pour les Etats-Unis. Dans ce dernier pays, il faudra également suivre les résultats des ventes des maisons neuves au mois de mars. Elles avaient diminué de 3,3 % au mois de février.

Jeudi 24 Avril

Aux Etats-Unis, seront connues les commandes de biens durables de mars qui devraient être en progression grâce à l’industrie aéronautique.

Aux Etats-Unis, il faudra suivre les inscriptions au chômage.

Pour la zone euro, il faudra suivre les enquêtes PMI du mois d’avril. Les indicateurs de confiance soulignent que la reprise de l’activité se renforce. Les données d’avril de l’indice PMI composite d’activité (53,1 en mars) devraient confirmer cette amélioration.

En Allemagne, il faudra suivre l’indice IFO du mois d’avril. A 110,7 en mars, l'indice du climat des affaires de l'enquête IFO avait reculé. En avril, il devrait baisser à nouveau, tiré vers le bas par l'indice des anticipations qui recule depuis janvier dernier, après avoir atteint un plus haut depuis trois ans.

En France, il sera intéressant de regarder les enquêtes de l’INSEE sur le climat des affaires pour le mois d’avril. Après un léger mieux en mars (+1 point, à 95), le climat des affaires est susceptible de s'améliorer de manière plus franche en avril, grâce, cette fois, à la contribution de l'ensemble des secteurs d'activité, sur fond de redressement des perspectives de croissance.

Vendredi 25 Avril 2014

Au Japon, il faudra regarder l’indice des prix à la consommation du mois de mars et les premières estimations d’avril. Les prix seraient en hausse en raison de la forte demande avant la hausse de TVA.

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mardi 15 avril 2014

Le PERCO, résultats 2013

Dopé par la loi sur les retraites de 2010 qui a permis le fléchage de 50 % de  la participation à son profit, le PERCO a enregistré de bons résultats en n forte progression en 2013. L'encours a augmenté de 28 % à 8,6 milliards d'euros quand le nombre d'entreprises équipées a augmenté de 11  % à 180 000 et le nombre de salariés adhérents est de 1,540 million en hausse de 23 %.

Au 31 décembre 2013, les flux bruts d’alimentation des PERCO se sont élevés à  1,7 milliards d’euros en hausse de  près de 7 % sur un an et se répartissent ainsi :

- Participation : 21 %
- Intéressement : 17 %
- Versements volontaires des salariés : 26 %
- Abondement de l’entreprise : 35 %

Le montant des rachats s’élevant à 420 millions d’euros, le solde net de souscription atteint 1,3 milliards d’euros.  L’encours moyen détenu par chaque bénéficiaire s’élève à 5.600 euros.  Près d’un tiers des salariés bénéficient d’une gestion pilotée de leur PERCO, c'est-à-dire une gestion  financière basée sur une désensibilisation programmée de l’allocation de leurs actifs au fur et à mesure  de l’approche de la retraite.

L’âge moyen de l’adhérent est de 45,5 ans. La proportion hommes / femmes est de 62 % / 38 %.

Est-ce une bonne idée de racheter des trimestres ?

La loi sur les retraites du 20 janvier 2014 autorise le rachat de trimestres de retraite au titre des années d'études supérieures et cela même si l'on a cotisé durant cette période. Une circulaire de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), parue le 10 avril 2014, supprime la condition de non affiliation à un régime de retraite pendant les périodes d'études supérieures « faisant l'objet de la demande de versement pour la retraite ».
Depuis la loi Fillon de 2003, les salariés, fonctionnaires, indépendants (artisans, commerçants, entrepreneurs) et professions libérales ont la possibilité d'effectuer des versements pour la retraite (VPLR), plus communément appelés « rachats de trimestres », pour compenser les périodes durant lesquelles ils n'ont pas pu cotiser. 
Les actifs peuvent ainsi racheter jusqu'à 12 trimestres  par régimes (de base et complémentaires) auxquels ils sont assurés. Jusqu'ici, pour effectuer un VPLR au titre des années d'études, il ne fallait pas avoir travaillé (et donc cotisé) en tant qu'étudiant. L'article 27 de la loi du 20 janvier 2014 a supprimé cette condition qui réduisait les possibilités de rachats de trimestres.
La nouvelle règle s'applique aux demandes de VPLR déposées à compter du 22 janvier 2014. « Sont visées les scolarités accomplies au sein des établissements d'enseignement supérieur, des écoles techniques supérieures, des grandes écoles et classes préparatoires du second degré. L'assuré doit avoir obtenu un diplôme ou avoir été admis dans une grande école ou classe préparatoire. Les périodes d'études ayant permis l'obtention d'un diplôme équivalent délivré par un Etat membre de l'Union européenne peuvent, dans les mêmes conditions, faire l'objet d'un versement pour la retraite », précise la circulaire.
Le Gouvernement a prévu toujours dans le cadre de la loi sur les retraites de favoriser les  VPLR si l'actif dépose sa demande dans les dix premières années de sa vie professionnelle. . Si le montant du rabais doit être fixé par décret, l'amendement au projet de loi évoquait 1.000 euros par trimestre dans la limite de 4 trimestres. Soit une aide de 4.000 euros prise en charge par l'Etat et dont on ne connaît pas encore le mode de financement. Il faudra suivre le décret d'application.
Faut-il racheter ou non des trimestres ? Le rachat en tant que tel est intéressant pour sa conséquence sur les complémentaires qui assurent surtout pour les cadres le coeur de la pension. Il repose sur un pari, sur celui que les règles de calcul des pensions ne changent pas ou pas trop. Le report de l'âge légal de départ en 2010 a rendu sans intérêt certains rachats car des actifs se sont vus contraints de continuer à travailler et de ce fait bénéficient de trimestres supplémentaires. Si dans le futur il y avait un nouveau report de l'âge légal, cette situation se reproduirait. La réforme de 2010 prévoyait le remboursement des trimestres rachetés inutilement avec une simple actualisation en fonction de l'inflation. Pour les jeunes, le rachat peut apparaître risqué compte tenu du haut niveau d'incertitudes planant sur nos régimes de retraite. En revanche, le coût d'acquisition est faible. Pour un actif en fin de carrière qui est en bonne santé et qui peut imaginer avoir une bonne espérance de vie à la retraite, le rachat de trimestres peut être intéressant même si son coût qui est fonction de l'âge et de ses revenus est plus onéreux. 

Les règles de comptabilisation des retraites changent

La loi sur les retraites a modifié les règles pour le calcul des trimestres et en particulier le montant minimal de revenus pour valider un trimestre. Le Gouvernement souhaitait favoriser les salariés ayant eu des emplois peu rémunérés ou à temps partiel qui de ce fait ne pouvaient pas valider auparavant un trimestre. Dorénavant, pour valider un trimestre de retraite en 2014, il faut gagner au moins 1.429,50 euros dans l'année. Une annuité étant composée de 4 trimestres, il suffit donc à un actif de percevoir au moins 5.718 euros (1.429,50 X 4) pour valider une année entière. Cette disposition a été précisé par une circulaire de la Caisse nationale d'assurance vieillesse du 10 avril 2014.
Le seuil de validation de trimestres de cotisation est passé de  200 heures à 150 heures payées au Smic. Par application de cette mesure, un salarié à temps partiel payé au Smic va ainsi désormais pouvoir valider 4 trimestres au lieu de 3. Cette mesure s'applique à tous les actifs du secteur privé. La validation de trimestres dans le secteur public se base en effet sur la durée de services et non sur le montant de la rémunération comme dans le privé. Les fonctionnaires et les agents des régimes dits « affiliés » (EDF, GDF, SNCF, RATP, Banque de France...) ne sont donc pas concernés par la circulaire.

La désindexation des pensions en France vue par l'INSEE

L'INSEE vient de mettre en ligne un document très intéressant sur les conséquences des changements de règles d'indexation des retraites. L'INSEE souligne que si rien n'avait été entreprise, le poids des pensions aurait atteint plus de 20 % du PIB en 2060. Du fait des réformes, ce poids devrait être réduit à 16 % du PIB. En revanche, ce qui est logique, les pensions dont le niveau avait augmenté dans les années 70 et 80 progressent moins vite que les salaires.

samedi 12 avril 2014

La semaine économique vue par Philippe Crevel


La semaine économique est réalisée par Philippe Crevel et n'engage que l'auteur


Le coin des Epargnants

Mauvaise semaine pour les actionnaires avec un recul de la bourse de Paris. A 4365 points, le CAC 40 en retraite de 2,65 %. Depuis le début du mois, la hausse n’est plus que de 0,37 %. Depuis le 1er janvier, le CAC 40 a gagné 1,63 %.

La bourse de Paris a pâti de la chute du Nasdaq aux Etats-Unis. Les investisseurs révisent leurs jugements sur les valeurs de la netéconomie qui connaissaient depuis plus d’un an des trajectoires proches de celles qui étaient enregistrées durant la première bulle Internet.

Retour en grâce de la Grèce

La Grèce est de retour sur les marchés financiers. Le pays a émis pour 3 milliards d’euros d’obligations souveraines à 5 ans, titres portant un coupon de 4,95% ce qui compte tenu de son niveau de croissance est très élevé. Néanmoins, cette émission apparait comme une victoire pour un pays qui était sorti du marché il y a 4 ans. A l’époque, le taux avait dépassé 6 %. Entre temps, le PIB du pays a été amputé de 25 %. La Grèce espère sortir réellement de la récession en 2014. Le retour sur le marché marque l’intérêt des investisseurs pour les dettes périphériques ; ils sont convaincus que la solidarité européenne a été renforcée suffisamment pour prendre le risque de prêter à un Etat encore très fragile. Il ne faut pas négliger le fait que la dette publique grecque dépasse 175 % du PIB.

La guerre des taux n’est pas engagée

La FED ne devrait pas relever ses taux avant la fin de l’année 2015 d quoi calmer les anticipations et apaiser les pays émergents qui craignaient une fuite de capitaux.  En zone euro, l’inflation ne redécolle toujours pas ce qui conduit de plus en plus d’experts de faire pression sur la BCE afin qu’elle intervienne. Pour le moment, la BCE plie mais ne rompt pas en admettant qu’elle suit la situation de près tout en maintenant sa politique monétaire prudente.

La guerre de mouvement en France et en Italie est lancée

Concomitamment en France et en Italie, les gouvernements respectifs ont décidé de briser quelques tabous et de miser sur la guerre de mouvement pour enrayer tout à la fois une spirale de déclin et une crise politique plus ou moins larvée.

De ce côté des Alpes, un nouveau Premier Ministre né dans les années 60 ; de l’autre côté des Alpes, un nouveau Président du Conseil né au milieu des années soixante-dix, la rupture est nette dans les discours. Il faudra voir la traduction dans les actes.

Pour la France, Manuel Valls confirme le tournant en faveur de la politique d’offre qui avait été annoncée par le Président de la République fin décembre et au mois de janvier.

Le nouveau Gouvernement fait le pari de la baisse des charges et de celui du retour si attendu de la croissance. Si le programme de Manuel Valls est appliqué, la France dans 3 ans aura une autre allure que celle d’aujourd’hui : moins de régions, des départements mangés par le bas, les agglomérations de communes et par le haut avec les grandes régions, des collectivités locales devant chercher des ressources par elles-mêmes, des hôpitaux obligés de se repenser pour dégager des économies, des prestations sociales ciblées sur les publics en réelle difficulté… A un moment donné, le programme suppose le retour de la croissance pour donner de l’oxygène. Cette croissance est indispensable car les mesures annoncées ne sont pas toutes financées en l’état actuel.

Le programme du Premier Ministre Valls

2014 : 12 milliards d’euros pour le  CICE

Été 2014 : collectif budgétaire avec recalage du déficit
Loi sur la transition énergétique ; 2ème loi de décentralisation (avec la suppression de la clause de compétence générale)

50 mesures de simplification de règles et de normes existantes en faveur du logement

1er janvier 2015 : 4,5 milliards d’allègement des cotisations patronales à l’URSSAF entre 1 et 1,6 SMIC (zéro charges au niveau du SMIC soit un gain de 188 euros par mois) ; allègement des cotisations salariales entre 1 et 1,3 SMIC

2015 : baisse de plus de 3 points des cotisations famille des travailleurs indépendants et artisans (1 milliard d’euros)

Le CICE est porté à 20 milliards d’euros

A partir de 2015 : suppression, en 3 ans de la Contribution Sociale de Solidarité des Sociétés (gain de  5,5 milliards d’euros dont 1 milliard au titre de 2015)

Au 1er janvier 2016 : baisse de 1,8 point des cotisations famille pour tous les salaires jusque 3,5 SMIC soit un gain de 4,5 milliards d’euros

2016 : suppression de la surtaxe de 10,7% sur l’IS (EUR 2,5 milliards)

2017 : début de baisse de l’IS ; EUR 5 milliards d’allègements fiscaux cumulés en faveur des plus modestes  division par 2 du nombre de régions

Au 1er janvier 2018 : nouvelle carte intercommunale

2020 : baisse de 33,33% à 28% du taux normal de l’IS (gain de 6 milliards d’euros ; le taux moyen est de 25% en Europe)

2021 : suppression des conseils départementaux

Le financement de ce programme reste encore assez incertain. Après quelques tergiversations, Manuel Valls s’est prononcé pour le respect des engagements de la France, mais sans plus de précision. Le nouveau gouvernement n’a pas donné de nouvelles prévisions pour le déficit budgétaire qui reste prévu à 3,6% du PIB en 2014 et 2,8% en 2015 (sur la base d’une croissance de 0,9% et 2%, respectivement). Or, il faut intégrer la dérive de 2013 avec un déficit de 4,3 contre 4,1 % initialement prévu et le fait que la Commission européenne considère qu’en l’état actuel des choses, le déficit français serait de 4 % en 2014 et de 3,9 % en 2015.

Manuel Valls a annoncé un collectif budgétaire pour le début de l’été. Une négociation est en cours avec la Commission pour obtenir un nouveau délai pour revenir sous les 3% de déficit budgétaire. Le calendrier pourrait jouer en faveur de la France car le Parlement européen et la Commission européenne seront renouvelés à la fin du mois de juin.

Les annonces du Premier Ministre dans le cadre de son discours de politique générale porte devraient générer un manque à gagner de 25 milliards d’euros sachant que toute exonération de charges doit être compensée par l’Etat aux régimes sociaux.

Le Premier Ministre a simplement précisé la clef de répartition du plan de 50 milliards d’euros d’économies : 19 milliards pour l’État et ses opérateurs, 10 milliards pour l’assurance maladie, 10 milliards pour les collectivités locales et le solde proviendra d’une redéfinition du champ des prestations sociales.

Comme son homologue italien, Manuel Valls a annoncé une réforme institutionnelle avec une division par deux du nombre de régions d’ici à 2017, la suppression des conseils départementaux à l’horizon 2021).

Côté Italie, l'autre guerre de mouvement 

L’Italie se languit d’une croissance faible avec un objectif en 2014 de 0,8 %. Néanmoins, sa situation budgétaire est meilleure que celle de la France avec un excédent primaire (le budget est en excédentaire avant paiement des intérêts de la dette ce qui n’est pas le cas de la France). Tout compris, le déficit public devrait être de 2,6 % en 2014 et de 1,8 % en 2015.

Matteo Renzi a lancé un plan assez ambitieux comportant des mesures institutionnelles et des mesures économiques. S’il a critiqué un temps la Commission de Bruxelles, il n’entend pas mener une démarche commune avec la France pour un assouplissement des règles budgétaires.

Au niveau institutionnel, il a promis une nouvelle loi électorale et la disparition des provinces qui étaient un échelon intermédiaire entre les communautés de communes et les régions.

Sur le plan économique, il a annoncé la réduction du « coin fiscal » avec un allégement de l'Irpef (l'impôt sur le revenu des personnes physiques) pour 10 millions de salariés à partir du 1er mai : 6,6 milliards d'euros en 2014 et 10 milliards d'euros en année pleine.

Il a également promis la diminution de la taxe professionnelle (Irap) : 5 % en 2014 et 10 % en 2015
Par ailleurs, il a demandé l’encadrement des rémunérations des dirigeants du secteur public, dont le plafond annuel est aligné sur l'indemnité du Président de la république ce qui génèrerait une économique de  400 millions d'euros d'économies

Il a également annoncé des économies sur les programmes d'acquisitions des administrations pour un milliard d'euros en 2014

Il compte récupérer 2 milliards d’euros dans le cadre du plan de rapatriement des capitaux de l'étranger à travers la « voluntary disclosure » :

Enfin, un plan de privatisations (ENI, Terna, Fincantieri…) sur 2015-2017 : devrait rapporter 12 milliards d'euros par an (0,7 % du PIB).

A suivre next week…

Lundi 14 avril

Aux Etats-Unis, seront publiés les résultats des ventes de détail pour le mois de mars. Une augmentation de 0,7 % est attendue compte tenu de la fin des intempéries.

Pour la zone euro sera connue la production industrielle du mois de février avec logiquement un résultat en hausse

En Italie, sera connu l’indice des prix à la consommation du mois de mars. Les prix ont dû augmenter de 0,1 % portant l’indice annuel à 0,3 %.

Sera également connue la production industrielle de la zone euro pour le mois de février. Le résultat devrait ressortir en légère hausse de 0,2 % compensant la baisse de janvier. Sur une base annuelle, la hausse serait de 1,7 %.

Au Royaume-Uni seront publiés les résultats des ventes de détail qui devraient avoir progressé en mars de 0,5 %.

Mardi 15 avril

Aux Etats-Unis, sera connu l’indice des prix à la consommation du mois de mars. Une hausse est attendue à 1,4 % contre 1,1 % en février du fait de l’augmentation des prix alimentaires  mais l’inflation sous-jacente resterait inchangée (1,6 %).

Au Royaume-Uni, le taux d’inflation du mois de mars sera publié avec un repli attendu.

Il faudra suivre les enquêtes ZEW sur la situation économique en Allemagne avec une amélioration attendue. De même sera publié l’indice ZEW sur le sentiment économique en zone euro. Toujours pour l’Europe seront connus les résultats de la balance commerciale de février dont le solde devrait avoir progressé ce qui devrait encore favoriser l’appréciation de l’euro.

Mercredi 16 avril

Au Royaume-Uni, seront rendues publiques les statistiques sur l’emploi avec une amélioration attendue.

Au Japon sera publié le résultat de la production industrielle du mois de mars qui devrait être en baisse.
Au niveau européen, il faudra suivre les résultats de la balance commerciale italienne de février et l’indice des prix à la consommation de la zone euro pour le mois de mars. Le taux d’inflation devrait se maintenir à un niveau très bas (0,5 à 0,6 %).

Jeudi 17 avril

Seront publiés les résultats du compte courant de la zone euro et l’indice des prix à la production en Allemagne.

La semaine économique est une publication réalisée par Lorello Eco Data, société d’études et de stratégies économiques dirigée par Philippe Crevel.
Téléphone : 01 45 00 37 37 / 06 88 87 16 59
Mail : pcrevel@gmail.com
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