La semaine économique est réalisée par Philippe Crevel et n'engage que l'auteur
Le coin des Epargnants
Mauvaise semaine pour les actionnaires avec un recul de la bourse de Paris. A 4365 points, le CAC 40 en retraite de 2,65 %. Depuis le début du mois, la hausse n’est plus que de 0,37 %. Depuis le 1er janvier, le CAC 40 a gagné 1,63 %.
La bourse de Paris a pâti de la chute du Nasdaq aux Etats-Unis. Les investisseurs révisent leurs jugements sur les valeurs de la netéconomie qui connaissaient depuis plus d’un an des trajectoires proches de celles qui étaient enregistrées durant la première bulle Internet.
Retour en grâce de la Grèce
La Grèce est de retour sur les marchés financiers. Le pays a émis pour 3 milliards d’euros d’obligations souveraines à 5 ans, titres portant un coupon de 4,95% ce qui compte tenu de son niveau de croissance est très élevé. Néanmoins, cette émission apparait comme une victoire pour un pays qui était sorti du marché il y a 4 ans. A l’époque, le taux avait dépassé 6 %. Entre temps, le PIB du pays a été amputé de 25 %. La Grèce espère sortir réellement de la récession en 2014. Le retour sur le marché marque l’intérêt des investisseurs pour les dettes périphériques ; ils sont convaincus que la solidarité européenne a été renforcée suffisamment pour prendre le risque de prêter à un Etat encore très fragile. Il ne faut pas négliger le fait que la dette publique grecque dépasse 175 % du PIB.
La guerre des taux n’est pas engagée
La FED ne devrait pas relever ses taux avant la fin de l’année 2015 d quoi calmer les anticipations et apaiser les pays émergents qui craignaient une fuite de capitaux. En zone euro, l’inflation ne redécolle toujours pas ce qui conduit de plus en plus d’experts de faire pression sur la BCE afin qu’elle intervienne. Pour le moment, la BCE plie mais ne rompt pas en admettant qu’elle suit la situation de près tout en maintenant sa politique monétaire prudente.
La guerre de mouvement en France et en Italie est lancée
Concomitamment en France et en Italie, les gouvernements respectifs ont décidé de briser quelques tabous et de miser sur la guerre de mouvement pour enrayer tout à la fois une spirale de déclin et une crise politique plus ou moins larvée.
De ce côté des Alpes, un nouveau Premier Ministre né dans les années 60 ; de l’autre côté des Alpes, un nouveau Président du Conseil né au milieu des années soixante-dix, la rupture est nette dans les discours. Il faudra voir la traduction dans les actes.
Pour la France, Manuel Valls confirme le tournant en faveur de la politique d’offre qui avait été annoncée par le Président de la République fin décembre et au mois de janvier.
Le nouveau Gouvernement fait le pari de la baisse des charges et de celui du retour si attendu de la croissance. Si le programme de Manuel Valls est appliqué, la France dans 3 ans aura une autre allure que celle d’aujourd’hui : moins de régions, des départements mangés par le bas, les agglomérations de communes et par le haut avec les grandes régions, des collectivités locales devant chercher des ressources par elles-mêmes, des hôpitaux obligés de se repenser pour dégager des économies, des prestations sociales ciblées sur les publics en réelle difficulté… A un moment donné, le programme suppose le retour de la croissance pour donner de l’oxygène. Cette croissance est indispensable car les mesures annoncées ne sont pas toutes financées en l’état actuel.
Le programme du Premier Ministre Valls
2014 : 12 milliards d’euros pour le CICE
Été 2014 : collectif budgétaire avec recalage du déficit
Loi sur la transition énergétique ; 2ème loi de décentralisation (avec la suppression de la clause de compétence générale)
50 mesures de simplification de règles et de normes existantes en faveur du logement
1er janvier 2015 : 4,5 milliards d’allègement des cotisations patronales à l’URSSAF entre 1 et 1,6 SMIC (zéro charges au niveau du SMIC soit un gain de 188 euros par mois) ; allègement des cotisations salariales entre 1 et 1,3 SMIC
2015 : baisse de plus de 3 points des cotisations famille des travailleurs indépendants et artisans (1 milliard d’euros)
Le CICE est porté à 20 milliards d’euros
A partir de 2015 : suppression, en 3 ans de la Contribution Sociale de Solidarité des Sociétés (gain de 5,5 milliards d’euros dont 1 milliard au titre de 2015)
Au 1er janvier 2016 : baisse de 1,8 point des cotisations famille pour tous les salaires jusque 3,5 SMIC soit un gain de 4,5 milliards d’euros
2016 : suppression de la surtaxe de 10,7% sur l’IS (EUR 2,5 milliards)
2017 : début de baisse de l’IS ; EUR 5 milliards d’allègements fiscaux cumulés en faveur des plus modestes division par 2 du nombre de régions
Au 1er janvier 2018 : nouvelle carte intercommunale
2020 : baisse de 33,33% à 28% du taux normal de l’IS (gain de 6 milliards d’euros ; le taux moyen est de 25% en Europe)
2021 : suppression des conseils départementaux
Le financement de ce programme reste encore assez incertain. Après quelques tergiversations, Manuel Valls s’est prononcé pour le respect des engagements de la France, mais sans plus de précision. Le nouveau gouvernement n’a pas donné de nouvelles prévisions pour le déficit budgétaire qui reste prévu à 3,6% du PIB en 2014 et 2,8% en 2015 (sur la base d’une croissance de 0,9% et 2%, respectivement). Or, il faut intégrer la dérive de 2013 avec un déficit de 4,3 contre 4,1 % initialement prévu et le fait que la Commission européenne considère qu’en l’état actuel des choses, le déficit français serait de 4 % en 2014 et de 3,9 % en 2015.
Manuel Valls a annoncé un collectif budgétaire pour le début de l’été. Une négociation est en cours avec la Commission pour obtenir un nouveau délai pour revenir sous les 3% de déficit budgétaire. Le calendrier pourrait jouer en faveur de la France car le Parlement européen et la Commission européenne seront renouvelés à la fin du mois de juin.
Les annonces du Premier Ministre dans le cadre de son discours de politique générale porte devraient générer un manque à gagner de 25 milliards d’euros sachant que toute exonération de charges doit être compensée par l’Etat aux régimes sociaux.
Le Premier Ministre a simplement précisé la clef de répartition du plan de 50 milliards d’euros d’économies : 19 milliards pour l’État et ses opérateurs, 10 milliards pour l’assurance maladie, 10 milliards pour les collectivités locales et le solde proviendra d’une redéfinition du champ des prestations sociales.
Comme son homologue italien, Manuel Valls a annoncé une réforme institutionnelle avec une division par deux du nombre de régions d’ici à 2017, la suppression des conseils départementaux à l’horizon 2021).
Côté Italie, l'autre guerre de mouvement
L’Italie se languit d’une croissance faible avec un objectif en 2014 de 0,8 %. Néanmoins, sa situation budgétaire est meilleure que celle de la France avec un excédent primaire (le budget est en excédentaire avant paiement des intérêts de la dette ce qui n’est pas le cas de la France). Tout compris, le déficit public devrait être de 2,6 % en 2014 et de 1,8 % en 2015.
Matteo Renzi a lancé un plan assez ambitieux comportant des mesures institutionnelles et des mesures économiques. S’il a critiqué un temps la Commission de Bruxelles, il n’entend pas mener une démarche commune avec la France pour un assouplissement des règles budgétaires.
Au niveau institutionnel, il a promis une nouvelle loi électorale et la disparition des provinces qui étaient un échelon intermédiaire entre les communautés de communes et les régions.
Sur le plan économique, il a annoncé la réduction du « coin fiscal » avec un allégement de l'Irpef (l'impôt sur le revenu des personnes physiques) pour 10 millions de salariés à partir du 1er mai : 6,6 milliards d'euros en 2014 et 10 milliards d'euros en année pleine.
Il a également promis la diminution de la taxe professionnelle (Irap) : 5 % en 2014 et 10 % en 2015
Par ailleurs, il a demandé l’encadrement des rémunérations des dirigeants du secteur public, dont le plafond annuel est aligné sur l'indemnité du Président de la république ce qui génèrerait une économique de 400 millions d'euros d'économies
Il a également annoncé des économies sur les programmes d'acquisitions des administrations pour un milliard d'euros en 2014
Il compte récupérer 2 milliards d’euros dans le cadre du plan de rapatriement des capitaux de l'étranger à travers la « voluntary disclosure » :
Enfin, un plan de privatisations (ENI, Terna, Fincantieri…) sur 2015-2017 : devrait rapporter 12 milliards d'euros par an (0,7 % du PIB).
A suivre next week…
Lundi 14 avril
Aux Etats-Unis, seront publiés les résultats des ventes de détail pour le mois de mars. Une augmentation de 0,7 % est attendue compte tenu de la fin des intempéries.
Pour la zone euro sera connue la production industrielle du mois de février avec logiquement un résultat en hausse
En Italie, sera connu l’indice des prix à la consommation du mois de mars. Les prix ont dû augmenter de 0,1 % portant l’indice annuel à 0,3 %.
Sera également connue la production industrielle de la zone euro pour le mois de février. Le résultat devrait ressortir en légère hausse de 0,2 % compensant la baisse de janvier. Sur une base annuelle, la hausse serait de 1,7 %.
Au Royaume-Uni seront publiés les résultats des ventes de détail qui devraient avoir progressé en mars de 0,5 %.
Mardi 15 avril
Aux Etats-Unis, sera connu l’indice des prix à la consommation du mois de mars. Une hausse est attendue à 1,4 % contre 1,1 % en février du fait de l’augmentation des prix alimentaires mais l’inflation sous-jacente resterait inchangée (1,6 %).
Au Royaume-Uni, le taux d’inflation du mois de mars sera publié avec un repli attendu.
Il faudra suivre les enquêtes ZEW sur la situation économique en Allemagne avec une amélioration attendue. De même sera publié l’indice ZEW sur le sentiment économique en zone euro. Toujours pour l’Europe seront connus les résultats de la balance commerciale de février dont le solde devrait avoir progressé ce qui devrait encore favoriser l’appréciation de l’euro.
Mercredi 16 avril
Au Royaume-Uni, seront rendues publiques les statistiques sur l’emploi avec une amélioration attendue.
Au Japon sera publié le résultat de la production industrielle du mois de mars qui devrait être en baisse.
Au niveau européen, il faudra suivre les résultats de la balance commerciale italienne de février et l’indice des prix à la consommation de la zone euro pour le mois de mars. Le taux d’inflation devrait se maintenir à un niveau très bas (0,5 à 0,6 %).
Jeudi 17 avril
Seront publiés les résultats du compte courant de la zone euro et l’indice des prix à la production en Allemagne.
La semaine économique est une publication réalisée par Lorello Eco Data, société d’études et de stratégies économiques dirigée par Philippe Crevel.
Téléphone : 01 45 00 37 37 / 06 88 87 16 59
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