samedi 5 avril 2014

La semaine économique vue par Philippe Crevel

La semaine économique N°69 est une lettre d'information réalisée par Philippe Crevel et publiée notamment sur le site du Cercle des Epargnants.

Le coin des Epargnants

Le CAC 40 continue sa marche en avant à 4 484 points retrouvant son niveau d’avant la faillite de Lehmann Brothers. En une semaine, le CAC a gagné 1,66 %. Sur un an, la progression est supérieure à 20 %. Elle est d’un peu plus de 4 % depuis le 1er janvier.

Cette progression est imputable aux bons résultats américains. Au mois de mars, l’économie américaine (hors secteur agricole) a créé 192.000 emplois. Certes, cela est inférieur aux prévisions mais la tendance reste bonne surtout que les résultats de janvier et de février ont été revus à la hausse, à respectivement 144.000 et 197.000 créations nettes. Le taux de chômage reste à 6,7 %. Le discours de la Présidente de la FED et les propos assez offensifs de Mario Draghi ont conforté les investisseurs.

Une semaine d’économie

France, croire en une reprise modérée

L’INSEE vient de publier son étude de conjoncture du mois de mars. Pas de quoi s’emballer, la croissance serait certes de retour mais sans pour autant atteindre des sommets et permettre une décrue du chômage et une réduction des déficits publics. En effet, pour respirer, il faudrait au moins une croissance de 1,5 % or, selon l’INSEE, nous sommes plutôt partis pour atteindre 0,7 %. Certes, cela est beaucoup mieux que le +0,3 % en 2013 et le  0,0 % en 2012 mais cela demeure insuffisant. L’Institut considère que l’activité sera  notamment portée par l’industrie manufacturière (acquis de +1,1 % mi-2014 après +0,1 % en 2013 et -2,8 % en 2012). A contrario, la construction continuerait de peser sur l’activité (acquis de -1,3 % mi-2014, après -2,2 % en 2013).

Si l’INSEE ne voit pas une baisse du chômage en 2014, en revanche elle considère qu’à compter du second semestre l’emploi marchand non agricole devrait se stabiliser.

Toujours selon l’INSEE, au premier semestre, le pouvoir d’achat se redresserait (+1,0 % puis +0,1 %) après avoir légèrement fléchi au second semestre 2013 (-0,2 % par trimestre). Toujours selon l’INSEE, de mi-2013 à mi-2014, le pouvoir d’achat serait en hausse modérée (+0,6 %).

Cette faible croissance pèsera donc sur le niveau des déficits qui devraient rester autour de 4 % du PIB et rendra encore plus délicat la réalisation des 50 milliards d’euros d’économie et du double pacte, responsabilité et solidarité.

BCE, l’heure de la riposte se rapproche-t-elle ?

La Banque Centrale Européenne a décidé de ne rien changer mais le verbatim évolue. Les Gouverneurs ont indiqué qu’un taux d’inflation trop bas trop longtemps constituait une réelle menace et que le cas échéant des moyens non conventionnels seraient mis en œuvre.
Il est certain qu’avec un taux à 0,5 % au mois de mars, l’inflation est au plus bas. Il faut remonter à la récession de 2009 pour retrouver un tel taux.

Les prix baissent un peu partout et cela malgré quelques hausses d’impôts (TVA en France par exemple).
Au moment de la conférence de presse, Mario Draghi a reconnu que les données pour le mois de mars avaient constitué une surprise, pas assez notable cependant pour amener le Conseil à baisser ses taux directeurs.

La BCE considère qu’il n’y a pas d’enclenchement déflationniste au sein de la zone euro. Le président Draghi, a continué d’indiquer que les anticipations à moyen-long terme restaient « bien ancrées » et proches de l’objectif officiel de 2%.

En cas de décrochage, en revanche, Mario Draghi et l’ensemble du Conseil des gouverneurs n’hésiteront pas à recourir à toutes les armes possibles y compris les moins conventionnels, pour écarter ce risque : prêts aux banques, achats fermes de titres (quantitative easing), assouplissement des règles prudentielles appliquées au marché des assets-backed securities (ABS).

La BCE aime l’impressionnisme et avance par petites touches. Les déclarations de Mario Draghi constitue certainement un tout petit pas vers une éventuelle initiative de la BCE si d’ici la fin du mois de mai, il n’y a pas de retournement des anticipations sur les prix et les volumes de crédits.

Et demain et après demain

La guerre du déficit français aura-t-elle lieu ?

Avec un déficit public de 4,3 % en 2013 qui sera réduit au mieux à 4 % en 2014, la France ne rentrera pas dans le cadre européen comme prévu en 2015. François Hollande entend obtenir un nouveau délai de grâce à l’Europe pour passer sous la barre des 3 % du PIB. Or, nos partenaires n’entendent pas se faire avoir une fois de plus par les promesses françaises.

L'ex-Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, candidat du centre droit à la présidence de la Commission européenne, a ouvert le bal en indiquant à Berlin qu’il est opposé sur le principe au fait que la France bénéficie d'un nouveau délai pour réduire son déficit public.
Il a rappelé que la France, qui a déjà obtenu un report jusqu'en 2015 pour être dans les limites des règles budgétaires européennes, "ne peut pas encore une fois avoir un passe-droit".

Jean-Claude Juncker a ajouté que la France devait "suivre les règles du jeu comme tous les autres".
La prochaine rencontre de Michel Sapin avec son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, lundi à Berlin, sera plus que délicate car à l’ordre du jour figure le rythme de réduction du déficit public français.

Jusqu’à maintenant, Wolfgang Schäuble a souligné que la France "restait un pays fort" en dépit d'une situation politique "difficile". Par ailleurs, le porte-parole d'Angela Merkel a dit vendredi faire "confiance à la France pour respecter ses engagements".

Les propos les plus durs proviennent sans surprise du président de la Banque centrale allemande, la Bundesbank, Jens Weidmann qui a demandé à la Commission européenne de faire "respecter les règles de manière stricte".

La France peut-elle demander un nouveau sursis ? Le calendrier électoral est plutôt favorable. En effet, les élections européennes de juin devraient enregistrer la montée en puissance du vote protestataire et anti-européen. De ce fait, la Commission sortante pourrait être tentée de ne pas mettre de l’huile sur le feu en ouvrant un nouveau front avec la France. Elle pourrait être également tentée de renvoyer le règlement du problème français à la prochaine commission. Les élections du mois de juin pourrait conduire à la constitution d’une grande coalition centre droit et centre gauche à l’Allemande ce qui ne serait pas pour déplaire au pouvoir français.

Par ailleurs, la Commission peut difficilement s’opposer de front au deuxième pays européen. Il y aura donc des négociations avec à la clef certainement un report du calendrier avec en contrepartie des promesses de réformes. Le Gouvernement français mettra en avant le pacte de responsabilité et son plan d’économies de 50 milliards d’euros. Cela ne suffira peut-être pour amadouer la Commission européenne qui exigera d’aller plus loin dans l’assainissement des comptes sociaux. Il est fort probable que le Gouvernement soit d’ici septembre contraint d’augmenter la CSG pour alléger les charges salariales tout en tentant d’équilibrer les comptes d’assurance-maladie.

Assurance-maladie, le chantier toujours en suspens

Le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault a posé quelques rustines pour réduire la dérive des comptes de l’assurance-vieillesse en faisant une grande partie de la charge sur les entreprises et les retraités. Il est fort probable que d’ici deux ou trois ans une nouvelle réforme soit nécessaire. Il a ouvert le dossier de la dépendance en promettant une réforme d’ici la fin de l’année. En revanche, pour l’assurance-maladie, circuler il n’y a rien à voir. Pourtant, le déficit de l’assurance-maladie voisine autour de 8 milliards d’euros. Malgré une forte maîtrise des dépenses d’assurance-maladie, malgré une réduction drastique des investissements, le déficit a tendance à s’accroitre du fait du vieillissement et de la stagnation économique.

Le Gouvernement a tendu quelques filins pour réformer l’assurance-maladie avec l’ANI sur la sécurisation de l’emploi qui prévoit la généralisation de la couverture santé. Une fois en vigueur, en 2015, il sera possible d’effectuer des transferts de charge de l’assurance maladie vers les complémentaires. Par ailleurs, plusieurs pistes sont à l’étude comme le déremboursement du premier rendez-vous chez les médecins ou l’augmentation des franchises (le 1 euro ou le ticket modérateur). D’autres pistes plus audacieuses ont été avancées mais ne devraient pas être inscrites à l’ordre du jour de la prochaine réforme. Il y avait, en particulier, la possibilité de rendre le système de prise en charge dégressif en fonction des revenus. Ce serait évidemment une remise en cause du modèle universel de couverture maladie à la Française. Sinon, le Gouvernement pourrait continuer la politique de déremboursement de certains médicaments jugés peu efficaces.

A suivre, next week….

Lundi 7 avril

En Allemagne, il faudra scruter la production industrielle du mois de mars qui devrait être stable par rapport au mois de février.

En Italie, il faudra suivre le résultat du déficit public qui devrait se situer autour de 3 % marquant la consolidation budgétaire entreprise depuis plusieurs années.
Sur le plan européen, il faudra suivre l’indicateur de la confiance des consommateurs d’avril qui est attendu en hausse par rapport à mars.

Aux Etats-Unis, il sera intéressant de regarder la variation des crédits à la consommation qui est attendue à la hausse.

Au Japon, les résultats du commerce extérieur seront publiés. Après le fort déficit du mois de janvier, il faudra analyser la réaction de l’économie japonaise. Néanmoins, un déficit est encore prévu.

Mardi 8 avril

Au Japon, sera communiquée l’enquête auprès des observateurs de l'économie du mois de mars. L’enquête devrait être positive du fait que les consommateurs anticipent la progression de 3 points de la TVA.

Au Royaume-Uni sera connue la production industrielle de février qui est attendue en hausse.

En France, les résultats de la balance commerciale du mois de février seront publiés avec à la clef un déficit d’environ 5,3 milliards d’euros contre -5,7 milliards d’euros au mois de janvier. L’économie française n’arrive toujours pas à gagner des parts de marché à l’exportation.
Toujours, en France, il faudra regarder les résultats de l’exécution budgétaire de février. En janvier, le déficit avait été de 12,7 milliards d’euros.

Aux Etats-Unis sera connu l’indice de l’optimisme des affaires de mars qui devrait ressortir en hausse.

Mercredi 9 avril

Il faudra suivre au Royaume-Uni, la réunion de la BoE qui devrait maintenir inchangé sa politique monétaire. Toujours à Londres, il faudra regarder les résultats de la balance commerciale avec un déficit de 3,33 milliards de livres contre 4 milliards au mois de janvier.

En Allemagne, seront publiés les résultats de la balance commerciale de février avec à la clef un excédent d’environ 19 milliards d’euros contre 17 milliards d’euros au mois de janvier.

Jeudi 10 avril

Au Japon, seront communiquées, les commandes de machines de février qui devraient être en diminution en phase avec e ralentissement attendu de l’économie.

En France, il faudra suivre le taux d’inflation de mars qui est attendu à 0,5 %. Néanmoins sur un an, le taux d’inflation devrait revenir à 0,6 % contre 0,9 % en février.

Toujours en France, il faudra analyser les résultats de la production industrielle de février. Il est fort probable que la production industrielle soit en baisse du fait du recul de la production d'énergie (consécutif à la douceur de l'hiver) et de la production manufacturière (exposée à un contrecoup après sa forte hausse de janvier).

En Italie, il faudra regarder les résultats de la production industrielle de février qui devraient marquer un recul de l’ordre de 0,2 %.
Au niveau européen, la BCE publiera son rapport mensuel.
Au Royaume-Uni, il faudra suivre les décisions sur les taux de la BoE.

Vendredi 11 avril

Le FMI se réunira toute la journée avec une déclaration finale.
Plusieurs indices des prix du mois de mars seront communiqués, en Chine, en Espagne et en Allemagne en particulier. L’inflation annuelle de l’Allemagne baisserait de 1 à 0,9 %. En Espagne, l’inflation serait de -0,2 %.
Aux Etats-Unis, il faudra suivre l’indice de confiance des consommateurs Reuters / Michigan.

Consulter la lettre

La semaine économique est une publication réalisée par Lorello Eco Data, société d’études et de stratégies économiques dirigée par Philippe Crevel.
Téléphone : 01 45 00 37 37 / 06 88 87 16 59
Mail : pcrevel@gmail.com
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