Atlantico : Quelles sont les catégories qui vont être le plus touchée par les nouvelles mesures de financement de retraites ?
Philippe Crevel : La retraite concerne tous les Français, soit en tant que futurs retraités soit en tant que retraités. Notre système de retraite repose sur la répartition qui assure, en effet, plus de 85 % des revenus des retraités ; or selon ce système, ce sont les cotisations acquittées par les actifs et les entreprises qui permettent le financement des pensions. Avec un déficit qui devrait tourner autour d’une vingtaine de milliards d’euros d’ici 2020, les voies et les moyens de la réforme ne peuvent que concerner tout le monde. De manière plus ou moins explicite, le gouvernement et les partenaires sociaux joueront à la fois sur les dépenses (les pensions) et sur les recettes (taxes et cotisations).Le gouvernement devrait recourir à plusieurs curseurs pour tenter d’équilibrer les comptes des régimes de base. Il pourrait ainsi allonger la durée de cotisation qui est actuellement fixée à 41,5 années. Depuis 2003, elle augmente en fonction de l’espérance de vie à la retraite. Les pouvoirs publics pourraient accélérer le mouvement en la portant à 42 voire 42,5 années. L’inconvénient de cette mesure est son faible rendement à court terme. En revanche, à la différence du report de l’âge légal, elle ne pénalise pas ceux qui ont commencé à travailler tôt. Autre piste qui toucherait l’ensemble des actifs, la modification du mode de calcul des pensions. En lieu et place des vingt cinq meilleures années, le gouvernement pourrait imposer comme le suggère le Conseil d’orientation des retraites l’ensemble de la carrière. Il en résulterait, en moyenne, une baisse des futures pensions. Cette mesure pose un réel problème d’équité car la retraite des fonctionnaires est calculée sur la base de 75 % des six derniers mois.
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